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L'inconscient

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L'inconscient

 

Le mot « inconscient » peut s'entendre de deux manières : comme adjectif ou comme substantif.

Entendu comme adjectif, l'inconscient désigne tout ce qui n'est pas conscient. Alors, ce peut être une chose, ou un phénomène dépourvu de conscience. Une chose comme une pierre ou un phénomène dépourvu de conscience comme, par exemple, le fonctionnement de nombreux organes du corps humain. L'adjectif « inconscient » peut aussi désigner celui qui a perdu conscience comme le blessé qui s'est évanoui ou encore celui qui manque de conscience comme le fou dangereux. L'inconscient s'entend alors négativement comme un manque, c'est une absence de conscience.

Pris comme substantif, l'inconscient désigne une réalité psychique. Cette réalité psychique exclut la conscience et même lui résiste. C'est donc ce qui ne peut devenir complètement conscient car des processus tels que le refoulement ou la résistance s'y opposent. On reconnaît ici la conception de l'inconscient dans la psychanalyse de Sigmund Freud.

Résumons donc : l'inconscient se dit en deux grands sens comme adjectif, c'est une absence de conscience et comme substantif, c'est une réalité psychique ou une dimension de l'esprit humain.

Quels sont maintenant les grands problèmes que pose la notion d'inconscient ? Eh bien d'abord, il y a la question de savoir si l'inconscient oui ou non contredit, empêche la liberté humaine. Si le sujet humain n'est pas transparent à lui-même, s'il est déterminé par l'inconscient, est-ce vraiment lui qui pense, qui veut et qui agit ? Et si le sujet n'est que l'effet de processus inconscients, est-il encore responsable de lui-même ? On voit donc que l'inconscient semble, a priori, s'opposer à la liberté du sujet humain. C'est ce que semble penser Sigmund Freud lorsqu'il écrit que, je cite, « le moi n'est pas maître dans sa propre maison ». Alors, évidemment, certains philosophes verront dans l'inconscient, à la fois une erreur théorique et aussi une faute morale, l'inconscient permettant une certaine lâcheté et une certaine déresponsabilisation.

Alors, est-il vrai que l'inconscient, pris comme substantif au sens de Freud, ruine toute idée de liberté ? L'inconscient nous fait-il désespérer de toute maîtrise sur nous-mêmes ? Alors, il est vrai qu'affirmer l'importance décisive des processus mentaux inconscients sur la pensée du sujet, ainsi que l'importance décisive qu'a l'histoire du sujet, l'influence de son histoire sur ce qu'il est, ruine, il faut le dire, la notion d'une liberté absolue, ce qu'on appelle le libre arbitre.

Cependant, cela ne doit pas nous faire désespérer de toute liberté. En effet, n'est-ce pas précisément en reconnaissant ce qui nous détermine que nous pouvons conquérir davantage de liberté ? Cela oblige de concevoir la liberté non pas comme un libre arbitre originaire mais comme un long processus de libération.

Venons-en brièvement à un second problème : faut-il souhaiter l'inconscience ? Autrement dit, la conscience permet-elle vraiment d'être heureux ? Le bonheur ne suppose-t-il pas, au contraire, une certaine inconscience ? En ce sens, l'inconscient serait ce qui sauve le sujet du poids accablant de sa propre conscience. Mais, ainsi alourdi de tout ce qui nous gêne, l'inconscient ne finira-t-il pas par peser d'un poids encore plus lourd et encore plus néfaste pour le sujet ?

Alors, on connaît la réponse de Nietzsche qui considère que la vie et la santé nécessitent la force active de l'oubli, je cite Nietzsche dans la Généalogie de la morale : « fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience, [...] – voilà, je le répète, l'utilité de la faculté active d'oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l'ordre psychique [...]».

Je vous propose, pour finir, de voir comment bien aborder un sujet de dissertation de baccalauréat, soit le sujet suivant : « l'hypothèse de l'inconscient rend-elle l'homme irresponsable ? ».

Alors, il faut d'abord reformuler cette question pour bien la comprendre, puis trouver le problème et enfin l'enjeu. Que faut-il entendre par « hypothèse de l'inconscient » ? Eh bien, c'est faire la supposition d'un psychisme inconscient actif donc qui nous détermine. Et que faut-il entendre par « rend-elle l'homme irresponsable » ? Eh bien, c'est se demander si cette hypothèse d'un inconscient psychique actif enlève au sujet humain la responsabilité de ses pensées mais aussi de ses actes. Autrement dit, s'il y a un inconscient psychique, le sujet peut-il encore répondre de lui-même ?

Quel est maintenant le débat, le problème ? Eh bien, il est de savoir s'il faut dire que l'hypothèse d'un inconscient psychique, tel que l'a fait par exemple Freud, enlève la liberté et donc la responsabilité de l'homme ; ou bien, s'il ne faut pas dire que cette hypothèse, au contraire, est un alibi de bien mauvaise foi qui permet de fuir la responsabilité de ses actes. Ne peut-on pas, finalement, concilier cette hypothèse avec l'exigence de responsabilité ?

Nous voyons ici le plan se dégager :

D'abord, dans une première partie, nous argumenterons l'idée que l'hypothèse de l'inconscient, en effet, semble rendre l'homme irresponsable ;

Dans une seconde partie, nous critiquerons cette idée en disant que oui, cette hypothèse rend l'homme irresponsable si on la comprend mal. En fait, elle n'excuse pas celui qui s'en réclame. Il faut en effet dire que l'hypothèse de l'inconscient précisément n'est qu'une hypothèse et qu'il serait irresponsable d'en faire une excuse certaine ;

Enfin, dans une troisième partie, il faudra examiner comment l'hypothèse de l'inconscient nous oblige en réalité à plus de responsabilités.

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