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La mobilité sociale

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L'égalité est l'un des fondements de la République. Cependant l'examen des tables de mobilité sociale montre une certaine hérédité des positions : 52 % des fils de cadre deviennent cadres à leur tour, et 46 % des fils d'ouvrier occupent le même métier que leur père. L'ascenseur social serait-il en panne ?

 

Commençons par définir la mobilité sociale et ses différentes formes.

· La mobilité sociale désigne le changement de position sociale d'un individu ou d'un groupe d'individus à l'intérieur de la hiérarchie de la structure sociale.

· D'une part, la mobilité intergénérationnelle apparaît entre deux générations, celle du père et celle du fils. Elle peut être ascendante ou descendante. Le parcours d'un fils d'ouvrier qui devient cadre relève d'une mobilité intergénérationnelle ascendante. En revanche, le cas d'un fils de cadre qui devient employé relève d'une mobilité intergénérationnelle descendante.

· D'autre part, la mobilité peut également se dérouler durant la vie active d'un individu. Il s'agit alors d'une mobilité intragénérationnelle. Un salarié peut débuter sa carrière comme employé, puis devenir cadre en fonction de son ancienneté dans l'entreprise.   

 

Comment expliquer la relative rigidité de la structure sociale que révèle l'examen des tables de mobilité ?

· L'analyse la plus connue de la reproduction sociale est celle du sociologue français Pierre Bourdieu. Il explique l'immobilité sociale par l'héritage dont dispose les agents sociaux en fonction de leur appartenance d'origine. Trois types de ressources, le plus souvent cumulées, expliquent cette relative immobilité sociale. Il s'agit du capital économique, du capital culturel et du capital social.

– Le capital économique est relatif aux ressources économiques, comme la taille du patrimoine et l'importance des revenus.

– Le capital culturel est constitué des savoirs, des goûts, des performances linguistiques détenues par les groupes sociaux.

– Enfin, le capital social est constitué par les relations socialement utiles qui peuvent être mobilisées par les agents à des fins de reproduction sociale.

· Ces ressources, inégalement distribuées et le plus souvent héritées, expliquent, selon Bourdieu, la rigidité de la hiérarchie sociale.

· L'inégalité des ressources conditionne des trajectoires différentes au sein du système d'enseignement. En dépit des efforts accomplis par les pouvoirs publics en faveur de la démocratisation de ce système, l'école permet la reproduction des positions sociales.

 



 

Mais, l'explication de la rigidité sociale proposée par Bourdieu n'est pas la seule possible.

· Un autre sociologue français, Raymond Boudon, propose une analyse différente. Selon lui, la croissance du nombre de diplômés ne se traduit pas systématiquement par une amélioration de la mobilité sociale. Il arrive qu'un fils plus diplômé que son père ait une position sociale inférieure à celle de son père.

· Ce paradoxe trouve ses origines dans le fait que la recherche de l'ascension sociale par le diplôme pousse un grand nombre d'individus à poursuivre leurs études au-delà de la scolarité obligatoire. Cette démarche est parfaitement rationnelle à titre individuel, mais l'agrégation de ces comportements individuels aboutit à une inflation de diplômes, qui perdent alors de leur valeur. Il y a trop de diplômés par rapport au nombre de postes de cadres à pourvoir.

 

En conclusion

On peut remarquer une certaine mobilité, qualifiée de mobilité de proximité, entre les générations, comme lorsqu'un fils de technicien devient cadre ou ingénieur. Néanmoins, l'hérédité des positions socioprofessionnelles reste la règle, ce qui montre qu'il convient d'accomplir encore bien des efforts pour permettre d'approcher l'égalité des chances.

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