
Les manifestations en faveur des «   sans-papiers  » , les collectifs «   droit au logement  » , les grè ves de salarié s contre les dé localisations d&rsquo entreprise sont autant de conflits sociaux qui remettent en cause l&rsquo homogé né ité et la cohé sion sociales. Cependant, ils sont, en mê me temps, facteur d&rsquo inté gration et de changement social.
 
Voyons tout d&rsquo abord comment les conflits sociaux peuvent constituer une forme de pathologie de l&rsquo inté gration sociale.
· Pour Durkheim, la socié té est fondé e sur la contrainte sociale, c&rsquo est-à -dire des faç ons de penser, de sentir et d&rsquo agir qui s&rsquo imposent aux individus. Le conflit peut ê tre appré hendé comme une rupture de la contrainte sociale. Il remet en cause certaines normes et valeurs qui é taient jusqu&rsquo alors dominantes.
· Les conflits peuvent trouver leur origine dans la sphè re é conomique comme par exemple les tensions attaché es à la formation des salaires. Ils peuvent é galement ê tre motivé s par des revendications politiques et culturelles. Ainsi, dè s la fin du xixe  siè cle, dans un grand nombre de pays occidentaux, les femmes ont lutté pour l&rsquo obtention du droit de vote. Plus ré cemment, dans les anné es 1960, elles ont manifesté pour un ré amé nagement des lois relatives à la contraception et à l&rsquo interruption volontaire de grossesse.
 
Cependant peut-on dire que les conflits sociaux s&rsquo opposent toujours et systé matiquement à la cohé sion sociale  ?
· Les conflits sociaux sont, en mê me temps qu&rsquo une contestation de l&rsquo ordre existant, un facteur d&rsquo inté gration sociale. Militer au sein d&rsquo un parti politique, adhé rer à un syndicat, dé fendre une cause que l&rsquo on considè re comme juste favorisent l&rsquo insertion des individus au sein des groupes sociaux. Pour le sociologue allemand Georg Simmel, les conflits sont à l&rsquo origine de la formation de groupes sociaux, qui sont autant de structure d&rsquo appartenance pour les individus.
· Les conflits sociaux sont é galement à l&rsquo origine du changement social. Les luttes ouvriè res ont entraî né le dé veloppement du droit du travail, l&rsquo amé lioration des conditions de l&rsquo exercice professionnel et l&rsquo augmentation des ré muné rations. Les mouvements é cologistes ont permis aux instances internationales et aux gouvernements de prendre en considé ration la né cessité d&rsquo un dé veloppement durable à l&rsquo é chelle plané taire.
 
Les conflits du travail sont-ils les seuls aujourd&rsquo hui à mobiliser les populations  ?
· Non, dans nos socié té s de type postindustriel, de nouveaux conflits mobilisent de nouveaux acteurs du changement. Il s&rsquo agit des nouveaux mouvements sociaux, ou NMS, comme les nomme le sociologue franç ais Alain Touraine. Les nouveaux mouvements sociaux se caracté risent par la ré union de trois critè res  :
&ndash le principe d&rsquo identité  
&ndash le principe d&rsquo opposition 
&ndash le principe de totalité .
On parle alors de «   modè le IOT  » , soit identité , opposition, totalité .
· Le principe d&rsquo identité repose sur le fait que soit clairement dé finie l&rsquo identité du ou des groupes à l&rsquo origine d&rsquo un mouvement social. Ainsi, en France, les mouvements gays et lesbiens se mobilisent pour le vote d&rsquo une loi favorable au mariage homosexuel.
· Le principe d&rsquo opposition est relatif à la dé finition des structures existantes contre lesquelles le mouvement s&rsquo est formé . Les mouvements altermondialistes, comme ATTAC, dé noncent les effets pervers de la globalisation financiè re sur les conditions d&rsquo existence des moins favorisé s.
· Le principe de totalité suppose le dé passement de stricts inté rê ts particularistes par une cause à caractè re universel. Les «   Indigné s  » , mouvement né en Espagne en 2011, s&rsquo opposent par exemple à la gestion technobureaucratique de la dette souveraine des pays du Sud.   
 
En conclusion
Porteurs à la fois de pathologie sociale et d&rsquo inté gration, les conflits sociaux permettent à la socié té civile de faire connaî tre ses dolé ances à l&rsquo endroit des dé cideurs politiques pour une meilleure allocation des ressources collectives.