J'écoute le cours audio
On les classe le plus souvent en quatre catégories selon leur fonctionnement : par opposition, par analogie, par substitution ou par amplification.
o Commençons par deux figures de style par opposition : l'antithèse et l'oxymore.
• L'antithèse met en parallèle deux mots ou deux groupes de mots qui désignent des réalités opposées.
Repérez l'antithèse dans ces vers extraits de la pièce Ruy Blas de Victor Hugo :
" Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. "
L'antithèse est bien sûr dans le premier vers : " tout " s'oppose à " rien ", " intrigue " à " loyauté " ; l'ensemble forme une antithèse dont l'effet est renforcé par le parallélisme de construction.
Une telle figure de style donne de l'Espagne l'image d'un pays où la corruption et la malhonnêteté règnent.
• Se distinguant de l'antithèse, l'oxymore est l'union de deux mots de sens contraires dans une même expression.
Ainsi, dans Les Misérables, Hugo évoque la mort de Gavroche, gamin des rues mort sur les barricades. L'oxymore rend hommage à ce héros révolutionnaire :
" Cette petite grande âme venait de s'envoler. "
o Passons aux figures de style par analogie.
Elles consistent à rapprocher deux termes qui appartiennent à des univers différents, mais qui présentent un point commun.
• La comparaison rapproche deux éléments, le comparé et le comparant, au moyen d'un mot outil (comme, semblable à, etc.).
Voici un exemple de comparaison dans un vers de Racine :
" Le bonheur des méchants comme un torrent s'écoule. "
• La métaphore, elle, est une comparaison sans mot outil.
" Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage " : dans ce vers de Baudelaire, " ma jeunesse " est comparée, de manière immédiate et frappante, à " un ténébreux orage ".
• La personnification et l'allégorie sont également des figures par analogie.
La personnification est l'évocation d'un objet, d'un animal sous les traits d'un être humain.
L'allégorie est la présentation d'une idée abstraite, sous une forme concrète, imagée.
Empruntons un exemple à Verlaine :
" Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance. "
L'idée abstraite de malheur est matérialisée par l'image du chevalier qui arrive par surprise et transperce le cœur du poète. On a bien une allégorie.
o Étudions maintenant les figures de style par substitution.
Elles consistent à remplacer un mot par un autre mot ou par une expression, plus inattendus.
La périphrase et l'antiphrase en sont deux sortes.
• La périphrase est le remplacement d'un mot par une expression équivalente.
Ainsi les Précieuses ridicules de Molière, dans la pièce du même nom, font-elles un usage caricatural de la périphrase en désignant les fauteuils par l'expression " les commodités de la conversation ".
• L'antiphrase est un procédé qui consiste à exprimer une idée par son contraire.
Comment comprenez-vous le début de cette phrase écrite par Voltaire sur la guerre ?
" C'est sans doute un très bel art que celui qui désole les campagnes, détruit les habitations et fait périr, année commune, quarante mille hommes sur cent mille.[…] "
L'expression ironique " très bel art " est une antiphrase.
On doit comprendre : " C'est une très grande abomination que…"
o Évoquons enfin les figures de style par amplification.
• L'hyperbole est l'exagération d'une idée, comme dans cette comparaison tirée de la correspondance de Rimbaud : " une mère aussi inflexible que soixante-treize administrations à casquettes de plomb ".
• La gradation est l'énumération de termes de force croissante.
En voici un exemple de tonalité comique :
" Je suis blessé, je suis troué, je suis administré, je suis enterré. " (Jarry)
• L'anaphore est la répétition d'un terme au début d'un groupe de mots, d'une proposition, d'un vers.
Repérez l'anaphore dans cette citation de Corneille :
" Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu'il me fasse à longs traits goûter son amertume ;
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. "
La répétition de toujours constitue une anaphore qui renforce l'expression de la passion.
o C'est le moment de conclure.
Savoir repérer et utiliser les figures de style est indispensable pour qui veut maîtriser la langue. Seule contrainte, et de taille : ne perdez jamais de vue l'effet recherché.