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Quels sont les genres et les thèmes du surréalisme ?
L'essentiel du cours
Apparu au lendemain de Première Guerre mondiale, héritier du dadaïsme, mouvement né en 1916 en Allemagne, le surréalisme touche l'Europe entière et perdure jusque dans les années 1960.
André Breton en est le chef de file, il en édicte les règles en 1924 dans son premier Manifeste du surréalisme.
Deux grands principes sont à la source de toute création surréaliste :
– premièrement l'opposition à toutes les valeurs du vieux monde,
– deuxièmement, la revendication d'un art en prise directe avec le rêve et l'inconscient.
Comment ces principes ont-ils influencé les genres et les thèmes du surréalisme ?
Cependant parler de genre pour le surréalisme pose d'emblée un problème.
En effet, les surréalistes remettent en question la littérature telle qu'elle est pratiquée et enseignée. Il est donc naturel qu'ils refusent la classique division des genres littéraires et qu'ils cherchent à en effacer les limites.
• Qu'en est-il du roman ? Les surréalistes condamnent totalement le roman tel qu'il a été pratiqué jusqu'alors. Dans leurs productions, les frontières entre roman et poésie sont difficiles à cerner. Ainsi du roman de Breton, Nadja, paru en 1928, qui relève autant du roman, de l'autobiographie, de l'essai, de la nouvelle que d'une écriture proche de celle de la poésie.
• Venons-en authéâtre. Les surréalistes aiment la pièce d'Alfred Jarry, Ubu, celle de Raymond Roussel, Impression d'Afrique (écrite en 1910) et apprécient Victor ou les enfants au pouvoir, critique féroce du vaudeville écrite par l'un des leurs, Roger Vitrac. Mais aucune autre pièce ne trouve leur assentiment, pas même les pièces d'Artaud qui a pourtant participé aux débuts du mouvement surréaliste.
• En fait, c'est la poésie qui est le genre privilégié par les surréalistes. Mais, pour eux, la poésie est un principe de vie, non un genre littéraire. Elle est le produit de l'écriture automatique, une technique d'écriture permettant d'accéder à l'inconscient et au domaine du rêve.
La plupart des poètes de la première partie du XXe siècle ont fait partie du surréalisme à un moment ou un autre, puis s'en sont exclus ou en ont été exclus. Ainsi en est-il d'Éluard, de Desnos, de Queneau, d'Aragon, de Prévert… et d'autres encore.
• Mais quand on parle de surréalisme, il faut également évoquer le genre de la peinture, tant littérature et peinture sont liées dans l'esprit des surréalistes. L'écrivain Breton écrit des « poèmes-objets » et le peintre Ernst crée des « romans-collages ». Retenez aussi les noms de Miró, Dali, Magritte.
L'écriture du surréalisme privilégie trois grands thèmes.
• Le premier est l'amour. Le titre d'un recueil de poèmes d'Éluard est parlant : L'amour la poésie. Cet amour ne peut être qu'un Amour fou comme nous l'indique ce titre d'un ouvrage d'AndréBreton paru en 1937.
• Le second thème naturellement associé à celui de l'amour est le thème de la femme : qu'elle soit muse et inspiratrice comme Gala et Nush compagnes de Dali et d'Éluard, ou femme-enfant, ou encore femme mystérieuse et dangereuse. Elle supplante toute chose, elle a le pouvoir de donner accès au rêve et à l'inconscient. Ainsi Aragon écrit dans Le paysan de Paris : « Tu es le mur et sa trouée. Tu es l'horizon et sa présence. L'échelle et les barreaux de fer. L'éclipse totale. »
• Le rêve constitue le troisième grand thème. Autour du rêve se constitue tout un univers onirique dont l'écriture automatique cherche à rendre compte. Dans leurs tableaux et images, Chirico, Tanguy, Dali composent des animaux fabuleux, des objets saugrenus, des paysages parfois inquiétants.
Retenez que, pour les surréalistes, l'art est poétique ou n'est pas. C'est un esprit, un mode d'être qui engage l'artiste dans son entier, dans son œuvre et dans sa vie.