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Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875

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Les idées socialistes voient le jour, au milieu du XIXe siècle pour répondre à la « question sociale » posée par l'industrialisation. Leur première expression publique est le Manifeste du Parti communiste, publié à la veille du « printemps des peuples » de 1848. Ce texte se termine par l'appel : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous. » Pourquoi est-il intéressant d'étudier l'histoire du mouvement ouvrier à partir du cas de l'Allemagne ?

Tout d'abord, parce que l'Allemagne est le premier pays dans lequel un parti socialiste a été créé.

• C'est dans le contexte de l'Allemagne impériale, unifiée en 1870, que les partisans du socialisme, réunis à Gotha en 1875, fondent le premier parti socialiste. En participant à la vie politique, ils ont pour objectif d'obtenir des réformes en faveur des travailleurs :
– égalité des droits politiques, respect de la liberté de pensée,
– mais aussi libération de la classe ouvrière par rapport au monopole capitaliste.
• Dès 1878, le Parti socialiste est interdit à la suite des lois d'exception, édictées par le chancelier Bismarck. Après son départ en 1890, les socialistes se reconstituent et le Parti socialiste prend la dénomination de SPD (ou Parti social-démocrate) en 1891, au congrès d'Erfurt. Ce grand parti, qui représente le groupe parlementaire le plus important en 1914, abrite plusieurs tendances, des réformistes et des révolutionnaires.
• Le SPD intègre une force syndicale et d'autres organisations syndicales indépendantes sont mises sur pied pour défendre les conditions de travail des travailleurs. Contrairement à la situation française, le mouvement ouvrier allemand ne connaît pas de tension entre parti et syndicat. Le syndicalisme allemand se caractérise d'emblée par le nombre de syndiqués (3 millions en 1914) et la culture de la négociation.

 

L'Allemagne est également le premier pays dans lequel les socialistes ont été à la tête du gouvernement.

• Lors de l'abdication de l'empereur Guillaume II, en novembre 1918, les socialistes forment un gouvernement provisoire. Mais un courant révolutionnaire minoritaire, les spartakistes, constitue le KPD (ou Parti communiste d'Allemagne) et déclenche une insurrection, qui est écrasée dans le sang à Berlin en janvier 1919. Cet événement scelle la rupture entre sociaux-démocrates et communistes allemands.
• Artisan de la nouvelle Constitution, dite de Weimar, le SPD est obligé de faire un compromis avec le centre et les démocrates. Pendant sa courte période d'expérience du pouvoir, il fait adopter plusieurs lois sociales : journée de 8 h, assurances sociales, allocation-chômage, conventions collectives. Dès 1920, il doit quitter le gouvernement et attendre la « grande coalition », de 1928 à 1930, pour y retrouver à nouveau une place.
• Au début des années 1930, dans un contexte de crise économique et de grandes tensions politiques, les forces socialistes, parti et syndicats, négligent la montée du nazisme et s'épuisent à lutter contre le KPD. Hitler est nommé chancelier en janvier 1933. Dès mai 1933, tous les partis et syndicats sont interdits sauf le parti et le syndicat nazis. Socialistes et communistes sont alors acculés à l'exil ou à la lutte clandestine.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne de l'Est fait l'expérience d'un État socialiste sur le modèle soviétique.

• En 1946, le SPD et le KPD de la zone d'occupation soviétique fusionnent pour former le Parti socialiste unifié. Ce nouveau parti prend la tête de la République démocratique allemande, État constitué en 1949 sur le modèle soviétique.
• La vie politique est dominée et encadrée par le parti unique. La société est surveillée par la police politique, la Stasi, et l'économie est planifiée. En 1953, la révolte de la population est réprimée par les chars soviétiques. Pour empêcher les Allemands de l'Est de fuir massivement à l'Ouest, le pouvoir fait ériger le mur de Berlin, au cours de l'été 1961.
La chute du Mur, le 9 novembre 1989, à la suite de grandes manifestations, met un terme à l'expérience de l'État socialiste et prélude à la réunification allemande, en octobre 1990. Le système de l'Allemagne de l'Ouest est généralisé à l'ex-RDA. Les forces socialistes, parti et syndicats, deviennent une composante d'une vie politique fondée sur le pluralisme.

Quelques idées clés à retenir.

• La question sociale a donné naissance au mouvement ouvrier, qui s'est organisé sous deux formes : le parti et le syndicat. Le parti participe aux rouages de la vie politique, tandis que le syndicat regroupe les travailleurs pour défendre leurs conditions de vie et de travail.
• Le mouvement ouvrier allemand s'est imposé en se structurant autour du SPD. Celui-ci a accédé au pouvoir dans le cadre de la république de Weimar, mais, divisé entre socialistes et communistes, il n'a pu empêcher la montée du nazisme.
• Depuis 1990, l'échec de l'État socialiste en Allemagne de l'Est consacre la solution libérale, qui reconnaît le rôle essentiel des partis et des syndicats dans le fonctionnement de la démocratie.

 

 

 

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