Fiche de révision

Balzac, La Peau de chagrin

L’histoire de Raphaël, dont la vie dépend d’un étrange talisman, relève à la fois du roman réaliste et du conte fantastique. Par ce biais, Balzac donne à réfléchir sur l’existence humaine.

IPremiers repères

1 L’auteur et le contexte

Doté d’une énergie débordante, Honoré de Balzac (1799-1850) a écrit plus de quatre-vingt-dix romans.

Pilier du mouvement réaliste, il développe une conception originale du roman. Dans La Comédie humaine, vaste fresque qui englobe son œuvre, il entend « faire l’inventaire de la société française » en trois grandes parties : Études de mœurs, Études philosophiques et Études analytiques. La Peau de chagrin, publiée en 1831, est son premier grand succès et figure au début de ses Études philosophiques.

2 L’histoire en résumé

Première partie : « Le talisman ». Raphaël de Valentin, jeune aristocrate ruiné, au bord du suicide, s’empare d’« une peau de chagrin » chez un vieil antiquaire. Capable d’exaucer tous ses désirs, elle rétrécit à chaque vœu réalisé et écourte d’autant la vie de son propriétaire. Incrédule, Raphaël formule un premier souhait – participer à un luxueux banquet – qui se réalise aussitôt.

Deuxième partie : « La femme sans cœur ». Raphaël fait alors le récit de sa jeunesse studieuse et de sa passion malheureuse pour Fœdora, la « femme sans cœur ». Son second vœu – disposer d’une fortune – se réalise mais la peau a rétréci. D’abord dubitatif, Raphaël est ensuite gagné par l’angoisse.

Troisième partie : « L’agonie ». Devenu riche mais fragile, terrifié par la puissance maléfique de la peau, Raphaël vit reclus et tente de réfréner ses moindres désirs. Il trouve un bonheur éphémère dans son amour partagé pour Pauline Gaudin, mais ne peut éviter le rétrécissement de la peau. Il meurt dans les bras de la femme aimée, consumé par ses propres désirs.

IIDes clés pour l’analyse

1 Un roman en prise avec la société de son temps

L’histoire se déroule sous la monarchie de Juillet, d’octobre à décembre 1830. La bourgeoisie conservatrice, hostile à la République, a porté au pouvoir Louis-­Philippe Ier, brisant l’élan de gloire qui a animé toute une génération.

Déçue par les soubresauts politiques du début du siècle, la jeunesse romantique des années 1830 peine à trouver sa place dans la société. Raphaël partage avec cette génération le malaise diffus que Musset nomme « mal du siècle ». Bridé dans ses rêves, solitaire, tourmenté, usé avant l’âge, il finit broyé par un monde qu’il abhorre : « En sondant mon âme, je la trouvais gangrenée, pourrie. Le démon m’avait imprimé son ergot au front. »

À noter

En marge de la société qui laisse difficilement sa chance à qui n’a ni nom ni fortune, le héros romantique se caractérise par une sensibilité exacerbée. Ses rêves se heurtent à une réalité décevante.

2 Une coloration fantastique

Balzac qualifie volontiers son roman de « conte fantastique », « oriental ». D’emblée, la peau s’impose comme un objet intrigant : d’aspect métallique, elle est nimbée de lumière et surmontée d’une inscription en arabe. Ses propriétés mystérieuses, qui la rendent capable d’accomplir tout désir, échappent à l’entendement des scientifiques que Raphaël appelle à son aide.

Obnubilé par ce talisman dont il ne mesure que trop tard le danger, Raphaël détermine sa vie et ses désirs en fonction de cette peau : « La Peau de chagrin était comme un tigre avec lequel il lui fallait vivre sans en réveiller la férocité. »

Le récit laisse planer un climat d’incertitude propre au fantastique : tantôt persuadé du pouvoir de ce talisman, tantôt incrédule, Raphaël se consume, comme la peau, pour avoir noué ce pacte faustien.

À noter

Pour le critique Tzvetan Todorov, le fantastique résulte d’une hésitation du lecteur sur la nature d’un événement inhabituel, qui peut être considéré comme réel ou illusoire.

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