Fiche de révision

Est-il raisonnable de croire sur parole ?

De grandes révolutions intellectuelles ont eu lieu au nom d'une idée simple : mieux vaut exercer son raisonnement que croire tout qu'on nous dit.

I Le « miracle grec »

1 Du muthos au logos

La Grèce archaïque conférait aux hommes inspirés un pouvoir de dire le vrai : poètes, oracles ou rois, ces « maîtres de vérité » dévoilaient ou rappelaient aux autres la volonté des dieux. L'ordre du monde ­s'expliquait par les mythes rapportés par Homère ou Hésiode.

Entre le VIIe et le IVe siècle av. J.-C., on passe du « muthos » au « logos », mode de pensée argumenté et rationnel au moyen duquel les hommes rendent compte par eux-mêmes de la nature et de leur histoire.

Mot clé

Le muthos désigne un mode de pensée où le monde s'explique par l'intervention des dieux ; le logos renvoie à l'argumentation rationnelle.

De nombreuses sciences naissent ou se perfectionnent alors : mathématiques, physique, histoire… C'est ce qu'on a appelé le « miracle grec ».

2 La naissance de la philosophie

L'apparition de la philosophie confirme le passage d'une parole d'autorité à une parole argumentée. Socrate, qui prétend ne rien savoir, dialogue avec ses concitoyens sur toutes sortes de sujets pour les amener à réfléchir.

Cette méthode se cristallise chez Platon et Aristote dans l'examen dialectique : deux interlocuteurs recherchant ensemble la vérité s'interrogent tour à tour pour mettre à l'épreuve leurs opinions.

II L'avènement de la modernité

1 L'argument d'autorité

La méthode dialectique perdure dans la tradition scolastique sous la forme de la « dispute » (disputatio) qui complète la lecture et l'explication des textes (lectio). Mais elle est assortie de références obligées aux textes qui font alors autorité : la Bible, ou lumière apportée par la révélation de Dieu aux hommes, et l'œuvre d'Aristote, issue quant à elle de la seule raison ou « lumière naturelle ».

Mot clé

Enseignée dans les universités du Moyen Âge, la scolastique (du latin schola, « école ») s'efforçait de concilier foi et raison.

Les penseurs médiévaux usent de l'argument d'autorité, consistant à invoquer ces références tenues pour indiscutables, au lieu de recourir à un raisonnement personnel. Mais comme la raison humaine est faillible, elle doit, selon Thomas d'Aquin (1225-1274), s'incliner devant la foi si elle entre en contradiction avec celle-ci. C'est pourquoi la philosophie est alors considérée comme la « servante de la théologie ».

2 Penser par soi-même

Point de départ de la pensée moderne, le Discours de la méthode (1637) rompt avec cette tradition. Dans cette « fable » aux allures biographiques, et rédigée en français pour être accessible au plus grand nombre, Descartes prône l'exercice autonome de la pensée.

Selon lui, on doit questionner les préjugés au moyen du doute (ne rien considérer comme vrai sans l'avoir examiné au préalable) et du voyage (parcourir le « grand livre du monde »). Descartes présente alors la lecture des grands auteurs du passé comme une « conversation » d'égal à égal et non comme un enseignement.

Il ouvre ainsi la voie aux Lumières, dont Kant formulera la devise dans Qu'est-ce que les Lumières ? (1784) : « Ose te servir de ton propre entendement ! ». Kant fait l'éloge de ce « siècle de la critique », à laquelle toutes les autorités (politiques, religieuses, intellectuelles) sont désormais exposées dans le monde moderne.

L'essentiel

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