En bref Une lettre ouverte est un texte argumentatif qui, bien qu'adressé à une ou plusieurs personnes en particulier, est destiné à être lu par un plus large lectorat.
IAnalyser la visée et le ton d'une lettre ouverte
La lettre ouverte peut se présenter sous forme d'article de journal, d'affiche, de chanson, de tract, de blog.
1 La visée
L'objectif d'une lettre ouverte est de propager une idée auprès d'un large public ou bien de se défendre contre des accusations. La lettre ouverte expose une thèse et cherche à convaincre un très grand nombre de lecteurs.
2 Le ton et les procédés
Le ton adopté est généralement polémique ou satirique. L'auteur, pour convaincre, a recours à de nombreux procédés stylistiques permettant de rendre son propos plus efficace.
Mot clé
L'adjectif polémique qualifie une discussion violente ou passionnée dans le domaine politique ou intellectuel.
IIQuelques conseils pour t'aider à écrire une lettre ouverte
Voici 5 conseils clés pour écrire une lettre ouverte.
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« J'accuse… ! » d'Émile Zola
« J'accuse… ! » est une lettre adressée au président de la République Félix Faure mais elle est rendue publique pour être lue par le plus grand nombre. Elle est publiée dans le quotidien L'Aurore du 13 janvier 1898.
Dans « J'accuse… ! », Émile Zola prend la défense du capitaine Dreyfus, un officier juif condamné pour haute trahison alors qu'il est innocent. C'est dans un contexte fortement antisémite que le procès s'est déroulé.
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ? […]
Mais quelle tache de boue sur votre nom – j'allais dire sur votre règne – que cette abominable affaire Dreyfus ! […] La vérité, je la dirai […] Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis. […]
Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.
Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !
Dans sa lettre, Zola n'hésite pas à employer l'emphase, c'est-à-dire un style élevé et solennel. Il utilise différents procédés stylistiques pour susciter l'indignation : son objectif est de clamer qu'une grave injustice a été commise et qu'il est du devoir de chacun de ne pas fermer les yeux.