De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans voit s'affronter les États européens. Au terme de négociations entamées en 1644, ceux-ci signent les traités de Westphalie. Ces textes consacrent le rôle primordial des États dans les relations internationales.
I La guerre de Trente Ans (1618-1648)
1 Les enjeux du conflit
L'enjeu de la guerre est avant tout politique : il s'agit pour la dynastie des Habsbourg de Vienne d'imposer la domination du Saint-Empire romain germanique sur l'Europe. Ce projet est contrarié par le morcellement politique de son territoire, qui comprend plus de 350 États, et par le caractère électif de la couronne impériale (les souverains élisent l'empereur).
L'enjeu est en même temps religieux : les Habsbourg entendent imposer le catholicisme à une Europe divisée entre catholiques et protestants. Cependant, au sein même de leurs territoires, ils font face à des princes protestants comme l'Électeur palatin.
2 Un conflit à plusieurs échelles
Le conflit est d'abord interne au Saint-Empire : après la défenestration de Prague (1618), il oppose les Tchèques protestants de Bohême, aidés des princes allemands protestants, à l'empereur Ferdinand II, soutenu par les Habsbourg d'Espagne. Ce dernier, qui réprime férocement la révolte, l'emporte dès 1620.
date clé
Le 23 mai 1618, en réaction à la fermeture de deux temples, des protestants de Bohême jettent par la fenêtre du Conseil de la ville deux gouverneurs impériaux.
Le conflit devient ensuite européen avec l'intervention, aux côtés des princes protestants, du Danemark, de la Suède puis de la France. Finalement, à la suite de victoires décisives de l'armée française sur les armées espagnoles (Rocroi, 1643) et à l'offensive suédoise au cœur de l'Empire, l'empereur Ferdinand III doit se résigner à la paix. C'est pourquoi, dès 1644, les États belligérants entament des négociations.
II La paix de Westphalie
1 La réorganisation territoriale de l'Europe
En 1648, deux traités, appelés traités (ou paix) de Westphalie, mettent fin à la guerre de Trente Ans. Le premier est signé à Osnabrück entre l'empereur Ferdinand III et la Suède ; le second à Münster entre l'empereur et la France.
Le Saint-Empire perd de nombreux territoires au profit de la Suède et de la France : la première reçoit une partie de la Poméranie, ce qui lui permet de contrôler les embouchures de grands fleuves comme l'Elbe ; la seconde obtient l'Alsace (sans Strasbourg). De plus, les Provinces-Unies et la Confédération helvétique gagnent leur indépendance. Enfin, le Brandebourg s'étend.
2 De nouvelles règles internationales
Les traités de Westphalie instaurent de nouveaux principes devant présider aux relations entre les États d'Europe : c'est la naissance d'un « système westphalien », en vigueur jusqu'au début du XXe siècle.
En premier lieu, les traités affirment le rôle fondamental des États, égaux entre eux, dans les relations internationales. Ensuite, ils reconnaissent la souveraineté de chacun d'eux et excluent toute ingérence dans les affaires internes, qu'elles soient religieuses ou politiques. Enfin, ils visent à un équilibre entre États, garant de la paix.
Par ailleurs, les traités confirment le principe de l'unicité de la confession du prince et de ses sujets en vertu de l'adage « Cujus regio, ejus religio » : en reconnaissant la division religieuse de l'Europe, les États enterrent le rêve impérial d'une religion catholique universelle.
Info
La maxime « Cujus regio, ejus religio » (« Tel prince, telle religion ») signifie que la religion d'un peuple doit être nécessairement celle du souverain.
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L'Europe après la paix de Westphalie
En 1648, les traités de Westphalie soulignent le recul des Habsbourg au profit d'États comme la France et la Suède. En 1659, la paix des Pyrénées, entre la France et l'Espagne, confirme l'influence française sur le continent.