Fiche de révision

Francis Ponge, La rage de l'expression

Francis Ponge est un poète majeur du xxe siècle. Bien que La rage de l’expression ne soit pas son œuvre la plus connue, ce recueil apporte un éclairage particulier sur sa conception de la poésie.

IPremiers repères

1 L’auteur et le contexte

Francis Ponge (1899-1988) vit tous les grands événements qui bouleversent le xxe siècle. Il est mobilisé de 1918 à 1919. Il adhère au Parti communiste en 1937. Mobilisé à nouveau en 1939, il entre dans la Résistance en 1941 et rend sa carte de communiste en 1947. Il participe au mouvement surréaliste puis s’en éloigne.

Pour aller + loin

Le Parti pris des choses (écrit en 1924 et publié 1942) est l’œuvre qui fait connaître l’écriture radicalement nouvelle de Ponge. Loin de l’écriture lyrique ou du surréalisme qui laisse parler l’inconscient, Ponge reste au plus près des objets du quotidien.

Titulaire du baccalauréat de droit en 1918, il est admissible pour entrer en licence de philosophie, mais il reste muet à l’oral de l’examen. La situation se reproduit pour l’oral de l’École Normale Supérieure.

Il écrit ses premiers poèmes en 1915 et publie dans des revues à partir de 1923.

2 La composition de La rage de l’expression

Publié en 1952, La rage de l’expression est composé de sept pièces. La première, « Berges de la Loire » est courte et peut être considérée comme un texte programmatique. Les autres, plus longues, sont composées de plusieurs textes séparés par des astérisques ou des numéros qui indiquent les étapes de la description ou de la réflexion.

La sixième section « Le Carnet du Bois de Pins » est la plus complexe puisque composée de cinq sous-parties, elles-mêmes structurées par des astérisques.

IIDes clés pour l’analyse

1 Les « objets » pris comme thèmes

Pour Ponge, l’important est « l’objet ». Son but n’est pas de le décrire ou de le raconter, mais de « l’approcher » avec « délicatesse » (« Le mimosa »). Ainsi de la Loire dans laquelle il faut plonger le regard, ou du pin autour duquel il faut tourner.

Il les choisit pour leur difficulté : « Je ne choisis pas les sujets les plus faciles. Voilà pourquoi je choisis le mimosa. Comme c’est un sujet très difficile, il faut donc que j’ouvre un cahier. » (« Le mimosa »)

Ce sont des « objets » de la nature que les titres de sections annoncent : la Loire, les pins, le ciel de Provence (« La Mounine »), les animaux ailés qui y vivent (« Notes prises pour un oiseau », « La guêpe ») et les fleurs et arbres fleuris qui y poussent (« L’œillet », « Le mimosa »).

2 Un titre et un recueil énigmatiques

Le titre du recueil est surprenant car il n’annonce pas un thème mais commente plutôt l’état d’esprit du poète qui serait pris par « la rage de l’expression ». Ce titre laisse entendre une violence, un combat, une volonté farouche de trouver la juste expression.

En effet, la difficulté de Ponge à s’exprimer lors de ses examens et concours n’est pas anecdotique ; elle peut relever de l’insuffisance qu’il trouve au langage, usé par son emploi courant et devenu impropre pour exprimer ses émotions ou pour décrire le monde. Il va donc s’attacher à renouveler le rapport de la langue aux choses.

Citation

« L’écrivain véritable est un homme qui ne trouve pas ses mots. Alors il les cherche. Et, en cherchant, il trouve mieux. » Paul Valéry, Cahiers II (1894-1914)

Prose ou poésie ? Si Le Parti pris des choses donnait à lire uniquement des poèmes en prose, ce n’est pas le cas de La rage de l’expression. Prose, strophes, vers, définitions, alignements de chiffres, jeux typographiques, les passages d’une forme à une autre sont nombreux, comme si le poète cherchait la forme juste sans s’interdire de multiplier les propositions.

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