Fiche de révision

Identifier un texte à visée satirique

En bref Un texte satirique vise certes à faire rire mais aussi et surtout à attaquer les vices et les ridicules d'une personne ou d'une société, souvent dans un but argumentatif.

IDistinguer le genre et le registre satirique

1  La satire, un genre poétique de l'Antiquité

La satire, au sens restreint du terme, est un poème qui dénonce un travers et le combat en s'en moquant. Dans l'Antiquité, les principaux auteurs de satires sont les Latins Horace et Juvénal.

Le genre a perduré à travers les siècles. Ainsi, au XVIIe siècle, Boileau publie des Satires dans lesquelles il s'attaque aux défauts et aux ridicules de son temps.

2  La satire, un registre qui traverse les genres

Le registre satirique donne au texte une tonalité particulière, dans le but de moquer et de dénoncer les défauts des hommes ou de la société. On le trouve dans tous les genres littéraires.

Tableau de 6 lignes, 4 colonnes ;Corps du tableau de 6 lignes ;Ligne 1 : Siècle; Genre; Auteurs; Cibles de la satire; Ligne 2 : XVIIe siècle; Fable; La Fontaine; L'arbitraire royal et la vanité des courtisans; Ligne 3 : Comédie; Molière; Les problèmes et les ridicules de la société; Ligne 4 : XVIIIe siècle; Beaumarchais; Les privilèges de l'Ancien Régime; Ligne 5 : Conte philosophique; Voltaire; L'obscurantisme, l'intolérance religieuse, les préjugés et l'absurdité de la guerre; Ligne 6 : XIXe siècle; Roman; Balzac; La bourgeoisie provinciale;

Mot clé

Le conte philosophique, dont Voltaire est le créateur et le maître incontesté, met toutes les qualités du conte traditionnel (récit fictif bref et amusant) au service de questions philosophiques. Il unit la narration et l'argumentation.

Au XXe siècle, le registre satirique se retrouve dans les chroniques télévisuelles ou radiophoniques ainsi que dans les spectacles d'humoristes, tels ceux de Pierre Desproges qui se distinguent par un humour grinçant et un sens certain de l'absurde.

IIConnaître les procédés du registre satirique

1  L'emphase

L'emphase s'appuie sur des hyperboles, des superlatifs, des répétitions, des comparaisons et des métaphores, ou encore un lexique péjoratif.

[Voici comment Boileau fustige les « embarras de Paris ».]

Tout conspire à la fois à troubler mon repos,

Et je me plains ici du moindre de mes maux :

Car à peine les coqs, commençant leur ramage,

Auront des cris aigus frappé le voisinage

Qu'un affreux serrurier, laborieux Vulcain,

Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain,

Avec un fer maudit qu'à grand bruit il apprête,

De cent coups de marteau me va fendre la tête.

Boileau, Satire VI (1660).

[Boileau parodie le style épique pour traiter d'un sujet trivial. En comparant le serrurier à Vulcain, dieu romain du feu, il accentue l'idée de vacarme.]

2  L'ironie

L'ironie consiste à dire le contraire de ce que l'on pense. Elle est implicite : c'est au lecteur de décrypter ce que l'auteur sous-entend.

On dit qu'un célèbre janséniste a proposé un édit par lequel il sera défendu à tous les philosophes de parler […].

Pour moi, je pense qu'il serait beaucoup plus utile et plus convenable de leur couper la main droite pour les empêcher d'écrire, et de leur arracher la langue de peur qu'ils ne parlent.

Voltaire, Lettre à M. le comte de Rochefort (2 novembre 1768).

[L'auteur de Candide, ardent défenseur de la liberté d'expression, cherche ici à choquer pour mieux convaincre.]

3  L'éloge paradoxal

L'éloge paradoxal, variante de l'ironie, est une critique implicite.

[Voici comment Sganarelle, dans Le Médecin malgré lui, parle de la médecine.]

Je trouve que c'est le métier le meilleur de tous ; car, soit qu'on fasse bien ou soit qu'on fasse mal, on est toujours payé de même sorte […]. Les bévues ne sont point pour nous ; et c'est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession est qu'il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n'en voit se plaindre du médecin qui l'a tué.

Molière, Le Médecin malgré lui, III, 1 (1666).

[Molière dessine ici une violente satire de la médecine du XVIIe siècle.]

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