Une interrogation peut être directe ou indirecte (selon sa construction syntaxique), totale ou partielle (selon sa portée sémantique). Elle peut appeler une réponse ou non (quand on l’étudie sur le plan pragmatique).
IDistinguer l’interrogation directe et l’interrogation indirecte
1 Reconnaître une interrogation directe
On parle d’interrogation directe quand la phrase se termine par un point d’interrogation.
Cette phrase présente alors souvent une inversion de l’ordre sujet-verbe.
Mais il faut distinguer deux types d’inversion :
– l’inversion simple (verbe + sujet inversé) ;
« Comment peut-on être persan ? » (Montesquieu)
– l’inversion complexe (sujet + verbe + pronom de reprise du sujet).
Comment Orgon peut-il être aveugle à ce point ?
À noter
On n’inverse pas le sujet :
– quand le pronom interrogatif qui est le sujet du verbe,
– avec la locution est-ce que,
– à l’oral, quand l’interrogation est simplement marquée par l’intonation.
2 Reconnaître une interrogation indirecte
On parle d’interrogation indirecte quand la question posée est rapportée sous la forme d’une proposition subordonnée. Celle-ci complète un verbe exprimant une demande d’information (demander, ignorer, ne pas savoir…).
Je me demande [quelles sont ses intentions].
IIDistinguer l’interrogation totale et l’interrogation partielle
1 L’interrogation totale
L’interrogation est totale lorsque la question porte sur l’ensemble de la phrase et que la réponse attendue est oui ou non.
Cet événement modifiera-t-il le cours des choses ?
Formulée de manière indirecte, une interrogation totale devient une subordonnée interrogative indirecte introduite par l’adverbe interrogatif si.
On ne sait pas [si cet événement modifiera le cours des choses].
2 L’interrogation partielle
L’interrogation est partielle lorsque la question porte sur un élément de la phrase. Elle est toujours introduite par un mot interrogatif, que l’interrogation soit directe ou indirecte.
« Qu’entends-je ? Qui remue là entre les branches ? » (Musset)
Je me demande ce que j’entends, qui remue là entre les branches.
Les mots interrogatifs peuvent être classés selon leur nature.
Nature | Mots interrogatifs | Exemple |
---|---|---|
pronom | qui, que, quoi, lequel… ce qui, ce que | « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine) |
déterminant | quel (accordé avec le nom auquel il se rapporte) | « J’ignore quel conseil prépara ma disgrâce » (Racine) |
adverbe | où, quand, comment pourquoi, combien | « Je ne sais pourquoi/Mon esprit amer/D’une aile inquiète et folle vole sur la mer. » (Verlaine) |
Conseil
Distinguez bien le pronom interrogatif (Je me demande qui parle.) et le pronom relatif (Je ne connais pas la personne qui parle.). La relative peut être plus facilement supprimée.
IIIÉtudier la dimension pragmatique d’une interrogation
Il faut se demander de quelle manière l’interrogation agit sur l’interlocuteur.
1 L’interrogation appelle une réponse
Une interrogation peut demander une réponse de type oui/non pour l’interrogation totale, ou une précision pour l’interrogation partielle.
2 L’interrogation n’appelle pas de réponse
Dans la question rhétorique, une déclaration est déguisée en interrogation.
« Ah ! Fallait-il en croire une amante insensée ?
Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ? » (Racine)
Un ordre peut aussi se présenter, de manière indirecte, sous forme de question.
« – Êtes-vous de la rue ? – Oui, pourquoi ? – Pourriez-vous m’indiquer le numéro 7 ? » (Hugo)
[Le locuteur n’attend pas qu’on lui réponde « oui » ou « non », mais qu’on lui donne l’indication demandée.]