A L'État gendarme
Il correspond à la vision du rôle de l'État associée au libéralisme économique. Selon cette doctrine, lorsque les individus recherchent la satisfaction de leurs intérêts égoïstes, ils optimisent l'utilisation de leurs ressources économiques car chacun cherche à tirer le profit maximal de son activité. Ainsi, la somme des intérêts individuels conduit au bien-être collectif puisqu'il n'y a pas de gaspillage et que les comportements les plus performants sont sélectionnés.
De ce fait, l'équilibre des marchés est pour les libéraux un optimum économique et social car toutes les offres et toutes les demandes sont satisfaites. Il n'est pas possible d'améliorer la situation d'une personne sans détériorer celle d'une autre. Toute intervention de l'État introduirait un déséquilibre sur le marché. Par conséquent, l'État doit limiter son action aux fonctions dites « régaliennes », c'est-à-dire assurer la défense des biens et des personnes (gendarmerie, police, justice) en veillant au respect des règles de la concurrence.
B L'État-providence
aUn point de vue moral sur l'activité économique
Il est le fruit d'une position contraire d'après laquelle la somme des intérêts individuels n'est pas l'intérêt collectif. Certains individus se comporteraient en prédateurs sur les ressources, ce qui génèrerait des gaspillages au détriment de l'intérêt collectif.
Il y a un point de vue moral sur l'activité économique suivant lequel les plus forts doivent assistance aux plus faibles afin que chacun soit garanti contre les risques de vieillesse, de maladie et de perte de moyens de subsistance. Enfin, en assurant une redistribution équitable des richesses, l'État maintient la cohésion et la paix sociale. C'est donc à l'État de prendre en charge l'intérêt général. En étendant son action, il participe à la répartition des richesses et à la stabilisation de l'activité économique. Ses domaines d'intervention sont nombreux et multiformes.

Évolution de la structure de la dépense publique de 1960 à 2017
Sur ces deux digrammes comparatifs, on observe le poids croissant des dépenses de protection sociale alors que la part des dépenses de fonctionnement a bien diminué entre 1960 et 2017
bUne présence renforcée dans l'économie
En période de croissance économique faible, de chômage de masse, et alors que la population connaît un vieillissement relatif, les besoins d'assistance et d'aides sociales augmentent. L'État finance ses dépenses soit par l'impôt, soit par l'emprunt. L'ensemble des prélèvements sur les richesses créées pendant un an correspond à ce qu'on appelle les prélèvements obligatoires (PO). Plus les dépenses publiques augmentent, plus le poids des prélèvements obligatoires est important.
À savoir
En 2022, le taux de prélèvement obligatoire est de 45,2 % du PIB. Il est un des plus élevés dans l'UE, juste derrière celui du Danemark qui lui est supérieur d'environ 3 points.

Légende : Note : hors cotisations sociales imputées et crédit d'impôts.
Champ : France
Source : Insee, comptes nationaux base 2014
Évolution du taux des prélèvements obligatoires en France de 1960 à 2019
La hausse des prélèvements obligatoires est à l'origine d'une critique de la place de l'État qui se traduit par la volonté de faire diminuer régulièrement les dépenses publiques. La stratégie de modernisation de la fonction publique pour la rendre plus efficace, basée sur une refonte de ses processus autour des nouvelles technologies de télécommunication, est pensée de façon à faire diminuer les coûts de production du service public.

(p) Taux prévisionnel
Source : Projet de loi de Finance 2019 – Trésor
Évolution du taux de croissance des dépenses publiques
Ainsi, le rôle de l'État se transforme, il devient plus accompagnateur de l'investissement privé que réellement interventionniste et investisseur. Une des conséquences est le désengagement progressif de l'État des activités de production et l'ouverture à la concurrence des marchés des entreprises publiques.
Exemples
Entreprises privatisées : La Française des jeux, France télécom devenue Orange.
Il y a également un projet de privatisation des Aéroports de Paris.
L'État est néanmoins encore présent dans les conseils d'administration de certaines entreprises publiques, semi-publiques et privées comme Areva, EDF, GDF Suez, La Poste, La Banque postale, France Télévisions, SNCF, RATP, etc. Ce sont des entreprises qui disposent souvent d'une activité stratégique pour le pays et dont le coût des investissements nécessaires au développement de l'activité était supérieur aux capacités de financement d'investisseurs privés. Elles appartiennent notamment aux secteurs de l'énergie, des télécommunications ou du transport.
La récente crise sanitaire de 2020 liée à la pandémie du coronavirus fait apparaître la nécessité de l’investissement de l’État pour assurer des services essentiels à sa population ou le maintien d’activités stratégiques dont l’absence fragilise l’ensemble de l’économie. La guerre d’invasion de la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine le 24 février 2022 et le retour de possibles confrontations militaires entre les États en Europe et dans le monde renforcent la nécessité de préserver les secteurs stratégiques pour l’autonomie et la défense de nos sociétés. Après une période où une vision libérale s’imposait dans les choix politiques, il est possible que l’État redevienne à l’avenir plus interventionniste. Les dépenses publiques ont à nouveau augmenté de 4 % en 2021 mais elles baissent légèrement en 2022 (+ 3,5 %) à cause de l’arrêt du financement des aides d’urgence à l’économie pendant la crise du Covid et les périodes de confinement. Les dépenses militaires en 2023 sont amenées à augmenter.
cL'origine des déficits publics
La contrainte qui pèse fortement sur l'investissement public est celle des déficits publics et de la dette publique. Quand les dépenses sont supérieures aux recettes, alors il y a un déficit budgétaire (le contraire constitue un excédent budgétaire).
Solde budgétaire (équilibre, excédent ou perte) = Recettes fiscales – Dépenses publiques
Lorsque les ressources fiscales sont insuffisantes, l'État est contraint d'emprunter auprès d'investisseurs institutionnels et privés pour financer ses dépenses. Cela crée une dépendance dans ses choix politiques face à ses créanciers et diminue les marges de manœuvre d'action des gouvernements. Le déficit public alimente la dette publique. En 2022, la dette publique en France s'est établie à 111,16 % du PIB.
À savoir
À la fin de l'année 2019, la dette publique avait atteint 98,1 % du PIB, soit 2 380,1 milliards d'euros. La baisse des taux d'intérêt sur les marchés financiers avait diminué le coût des intérêts générés par la dette, ce que l'on appelle le service de la dette. Mais la pandémie du Covid 19 a fait remonter le niveau de la dette au-delà de 100 % du PIB.