Fiche de révision

La culture du compagnonnage au XIXe siècle

A La formation professionnelle et humaine du compagnon

Le compagnonnage désigne un système d'associations d'artisans et d'ouvriers qui transmettent leurs connaissances, pratiques et théoriques. Leur formation inclut l'enseignement scolaire, le perfectionnement itinérant et les rituels d'initiation.

L'ouvrier qui intègre le compagnonnage prend d'abord le titre d'aspirant, et doit mener son apprentissage avec des compagnons ; il est reçu dans le compagnonnage par un rituel d'adoption, propre au devoir qu'il intègre. Il apprend les gestes et les techniques de son art, et partage un état d'esprit fondé sur le goût et la fierté du travail bien fait. L'apprentissage dure de quatre à six ans jusqu'au XIXe siècle.

L'aspirant se perfectionne lors du Tour de France, en travaillant auprès de divers patrons et ateliers, dans des maisons de compagnons. Il va de ville en ville pour découvrir de nouveaux matériaux, de nouveaux outils, de nouvelles techniques. À chaque étape, il séjourne dans l'auberge des compagnons tenue par la « mère » (l'hôtelière) et se trouve embauché par le compagnon « rouleur » ; à la fin de chaque étape, les compagnons en grande tenue accompagnent l'aspirant jusqu'à un passage symbolique vers sa nouvelle étape : c'est la cérémonie de la conduite.

Mot-clÉ

Tour de France : voyage initiatique, de deux à sept ans, qui permet à l'aspirant de perfectionner son apprentissage des techniques et de réaliser des expériences professionnelles qui lui permettront de devenir compagnon.

L'aspirant acquiert ainsi de l'expérience et une réflexion sur sa propre pratique. Le Tour de France se fait traditionnellement à pied, parfois par bateau ou voitures à chevaux ; il doit être long et formateur.

À la fin du Tour de France, l'aspirant réalise un chef-d'œuvre qui montre l'étendue de sa maîtrise technique ; il est accepté comme compagnon au cours d'une cérémonie de réception et peut à son tour former d'autres aspirants.

B Une culture commune

Le compagnon appartient à une communauté humaine et professionnelle soudée autour de valeurs, telles que l'honneur, la recherche du savoir, la droiture, l'honnêteté, la persévérance, l'entraide, la fierté du travail bien fait, la fraternité… Les compagnons se doivent une assistance mutuelle : ils s'apportent un soutien moral et financier en cas de besoin (maladie, accidents, vieillesse…).

Mot-clÉ

Fraternité : valeur importante du compagnonnage, qui renforce leur sentiment d'appartenance à une communauté humaine et professionnelle, et encourage leur entraide.

La dimension religieuse est très présente. De nombreux compagnonnages catholiques obligent dans leurs statuts de faire dire régulièrement des messes. Lorsqu'un compagnon meurt, le devoir lui rend hommage lors de son enterrement et son souvenir est régulièrement célébré. Chaque société de compagnons célèbre sa fête patronale (ex. : saint Joseph est le protecteur des charpentiers ; saint Eloi est célébré par les bijoutiers…).

Les devoirs partagent chacun un règlement, des symboles (bannières, cannes, couleurs, insignes tels que le compas, symbole de connaissance…) et des rites, des récits légendaires et des fêtes, qui renforcent la cohésion et l'identité culturelle du groupe.

Exemple

Plusieurs légendes circulent autour du mythe fondateur du compagnonnage, de la construction du temple de Salomon. Lors de la cérémonie de réception, le nouveau compagnon se voit attribuer un surnom, qui rappelle sa qualité première et son lieu de naissance (ex. : Agricol Perdiguier s'appelle Avignonnais la Vertu) ; il reçoit une canne et des couleurs (rubans de soie ou écharpe) ainsi qu'un insigne, qui marquent son entrée dans le devoir. Lorsqu'un aspirant commence son Tour de France, les compagnons en grande tenue saluent son départ de chaque ville par une cérémonie composée d'un cortège, la conduite. Le sigle UVGT (union, vertu, génie, travail) est un symbole commun des devoirs.

De grands écrivains célèbrent le sérieux et les qualités du compagnonnage, et décrivent leur formation et leur engagement : George Sand, Le Compagnon du Tour de France, 1841 ; Agricol Perdiguier, menuisier, écrivain puis député, Mémoires d'un compagnon, 1854…

#vidéo

Le compagnonnage aujourd'hui

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C Le chef-d'œuvre

Le chef-d'œuvre est le résultat de plusieurs années d'expérience, il est réalisé au terme du Tour de France. Évalué par les pairs, il révèle les qualités techniques et humaines de l'aspirant compagnon. L'objet se veut parfait et atteste de la maîtrise d'un savoir indiscutable, qui est consacré par la reconnaissance des meilleurs professionnels. L'aspirant doit répondre à une critique de son travail par ses pairs avant d'être reçu.

Le chef-d'œuvre est une étape importante dans la vie du compagnon, car son objectif est de faire de sa vie une œuvre, de bâtir sa « cathédrale intérieure ». Le compagnon s'efforce de se réaliser par sa profession. Le chef-d'œuvre est le résultat de tout un apprentissage et aussi de la transmission des savoir-faire. Il doit susciter, chez les apprentis, l'envie de faire aussi bien et même de dépasser les réalisations observées.

Certains chefs-d'œuvre soulignent l'importance du compagnonnage lors des expositions universelles (ex. : participation en 1889 à la construction de la Tour Eiffel).

#vidéo

Chefs-d'œuvre, musée du compagnonnage, Tours

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MOTS-clÉs

Chef-d'œuvre : objet que l'aspirant réalise à la fin de sa formation. Il atteste sa maîtrise des techniques liées au métier et permet son accession au statut de compagnon.

Exposition universelle : grande manifestation internationale dans laquelle les États montrent leurs accomplissements techniques, culturels et commerciaux.

#synthèse

Je mémorise autrement

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