A Les processus de la décolonisation
Les empires coloniaux en 1945
L'accès des colonies à leur indépendance s'effectue en deux principales vagues. Dans un premier temps, les pays asiatiques accèdent à leur indépendance à partir de 1945-1947 : l'Indonésie, les Philippines, la Birmanie et l'Inde inaugurent ce processus de décolonisation. Ce dernier est le plus souvent négocié à l'exception de l'Indochine française. De 1946 à 1954, un conflit oppose la France aux Vietnamiens dirigés par le leader indépendantiste et communiste Hô Chi Minh. La Chine aide celui-ci à obtenir la victoire contre la métropole. La signature des accords de Genève en mai 1954 clôt ce premier conflit de la décolonisation. De grandes personnalités émergent telles que Nehru et Gandhi en Inde ou Soekarno en Indonésie. Les nouvelles élites asiatiques prennent en mains le destin de leur pays.
Dans un second temps, l'Afrique accède aux indépendances. Le Maghreb ouvre la voie avec le Maroc et la Tunisie en 1956. Cependant, le cas algérien reste problématique. Les Français sont très implantés sur ce territoire et le considèrent comme un prolongement de la France en Afrique du Nord. La guerre d'Algérie dure de 1954 à 1962. Elle s'avère particulièrement meurtrière et engendre bien des traumatismes visibles jusqu'à aujourd'hui. La plupart des pays d'Afrique subsaharienne parviennent pacifiquement à leur indépendance. La situation au Congo belge oblige néanmoins les colons à partir dans l'urgence. Le Kenya est traversé par des violences raciales et l'Afrique du Sud évolue vers un régime d'apartheid. Les colonies portugaises (Guinée-Bissau, Angola et Mozambique) n'obtiennent leur indépendance qu'en 1975. Le processus de décolonisation a été rendu possible par la formation des élites africaines qui dénoncent le colonialisme européen. Léopold Sedar Senghor (Sénégal) et Félix Houphouët-Boigny (Côte-d'Ivoire) incarnent ce mouvement.
Définition
Apartheid : expression désignant la politique officielle de ségrégation raciale pratiquée en République sud-africaine de 1948 à 1991 au bénéfice de la population blanche et au détriment de la majorité noire.
B La naissance du tiers-monde
Les nouveaux États afro-asiatiques sont immédiatement confrontés à des défis intérieurs et extérieurs. Ils cherchent à sortir du sous-développement et de la sous-industrialisation. Leur population est le plus souvent analphabète et victime de sous-nutrition ou de malnutrition.
À savoir
Le tiers-monde désigne donc les pays les plus pauvres, les plus peuplés et les moins puissants de la planète.
Mais le tiers-monde recouvre aussi une dimension politique. En 1955, 29 États d'Afrique et d'Asie se retrouvent en Indonésie pour la conférence de Bandoung. À cette occasion, ils proclament leur refus de la bipolarisation du monde engendrée par la guerre froide. Ils affichent leur neutralité et leur choix du non-alignement : leur souhait est de n'appartenir ni au bloc américain ni à son rival soviétique. En 1961, se tient à Belgrade, en Yougoslavie, la première conférence internationale des non-alignés.
Définition
Tiers-monde : l'expression provient du démographe et économiste français Alfred Sauvy. En 1952, il reprend à son compte l'expression de « tiers état » pour désigner la frange de la population la plus nombreuse et la plus défavorisée.
La recherche d'une « troisième voie » incite les pays à se regrouper dans des organisations internationales telles que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) créée en 1963. À l'ONU, les anciennes colonies se prononcent pour un nouvel ordre international plus équitable, c'est-à-dire davantage fondé sur la reconnaissance de leur identité culturelle et de leurs intérêts stratégiques et économiques. Cette revendication débouche en 1964 sur la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
L'affirmation des pays africains sur la scène mondiale débouche sur le panafricanisme qui encourage les États à se montrer solidaires. En Égypte, le président Nasser agit dès 1958 en faveur du panarabisme qui vise à regrouper politiquement tous les peuples arabes.
L'unité du tiers-monde prend fin dans les années 1970. Ce vaste ensemble commence à se diversifier. Certains pays s'allient finalement à l'un des deux supergrands à l'image de Fidel Castro qui place Cuba dans le camp soviétique. De nouvelles puissances industrielles émergent en Asie (les quatre « dragons ») alors que l'Afrique subsaharienne compte un très grand nombre de PMA (pays les moins avancés). Le tiers-monde laisse la place aux « Suds ».
Définition
Supranationalité : terme qui désigne la mise en place d'institutions européennes qui bénéficient d'un transfert de souveraineté des États décidés à agir ensemble.