Malgré la violence des conflits religieux, les échanges culturels et commerciaux entre les trois grandes civilisations méditerranéennes ne sont jamais interrompus. Ils sont parfois même encouragés par les gouvernements, comme dans le monde musulman ou à Venise.
I Des échanges culturels réduits
Les Européens, conscients de leur retard scientifique, accentuent les échanges intellectuels avec les Arabes. Par exemple, alors qu'ils utilisent encore les chiffres romains qui rendent les opérations complexes et fastidieuses, le savant Gerbert d'Aurillac (938-1003), devenu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II, s'inspire des chiffres arabes pour concevoir l'« abaque ».
Mot clé
L'abaque est un instrument mécanique facilitant le calcul. C'est à cette occasion que le zéro est introduit en Occident, même si son usage ne se généralise qu'un siècle plus tard.
En Espagne, dans les territoires reconquis par les rois chrétiens, des érudits juifs traduisent des ouvrages d'auteurs grecs antiques, de l'arabe en latin. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, fait traduire le Coran en latin à Tolède en 1142.
Depuis la seconde moitié du xie siècle, des rois catholiques gouvernent la Sicile où cohabitent des populations musulmanes et byzantines.
II Des échanges commerciaux intenses
1 Les produits échangés et les bénéficiaires de ce commerce
Des progrès agricoles et dans l'industrie textile en Europe occidentale conduisent à une accélération des échanges en mer Méditerranée.
Les Européens vendent des céréales et des tissus ainsi que des produits venant d'Europe du Nord, comme le bois et le fer. D'Orient, ils importent des produits de luxe comme les épices (poivre, noix de muscade), des pierres précieuses et l'alun qui permet de fixer les colorants sur les étoffes.
Les marchands des cités d'Italie du Nord (Gênes, Pise et Venise) assurent les liaisons maritimes en mer Méditerranée.
Les souverains musulmans prélèvent des taxes à l'arrivée de chaque bateau dans leurs ports et encouragent le commerce qui les enrichit.
2 La puissance commerciale de Venise
À partir du viie siècle, Venise est gouvernée par un duc ou « doge ».
Depuis 1082, les marchands vénitiens disposent d'un quartier réservé à Constantinople et d'exemption de droits de douane dans l'Empire byzantin.
Aux xiie et xiiie siècles, ils étendent leurs possessions avec la conquête de la Dalmatie et l'achat des îles de Crète et de Corfou. L'État entretient des galères qui protègent les convois – ou mude – des bateaux commerciaux en direction de Byzance, de la Syrie et de l'Égypte.
Les Vénitiens mettent au point des outils et méthodes commerciales innovantes. Pour harmoniser les comptes des institutions commerciales, ils inventent la comptabilité en deux parties : une colonne avec les crédits et une autre avec les débits. Ce système se nomme « alla veneziana ».
Les ducats, pièces d'or frappées d'une représentation du doge, servent de monnaie de référence de 1284 au xvie siècle.
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Funduq et comptoirs italiens
Dans certaines villes du monde musulman, les marchands italiens ont le droit d'entreposer leurs marchandises dans des funduq. Autour de ces lieux de stockage, naissent des quartiers ou comptoirs, dans lesquels les étrangers peuvent commercer et vivre selon leur religion.
Le représentant des cités italiennes, le baile à Venise et le podestat à Gênes, traite directement avec les autorités locales et s'acquitte pour leur communauté de l'impôt réservé aux non-musulmans.