Fiche de révision

La réalité peut-elle être représentée fidèlement par les arts ?

« Tout art est une imitation de la nature », écrit Sénèque dans ses Épîtres au Ier siècle après J.-C. Cette préoccupation, qui traverse les arts, connaît un renouveau à la faveur des bouleversements littéraires et picturaux de la Renaissance.

I La peinture à l'épreuve de la réalité

1 La nouveauté de la perspective

Les peintres de la Renaissance italienne désirent figurer précisément la réalité des choses. La perspective géométrique, grâce à ses lignes de fuite et à son point d'horizon, bouleverse la manière de voir le monde : les proportions, plus justes, sont à la mesure de l'être humain.

Dans son traité De la peinture, composé en 1435, Alberti propose de considérer l'œuvre picturale comme une fenêtre ouverte sur la réalité permettant la composition d'une « histoire », une organisation spatiale du sujet capable d'émouvoir le spectateur.

L'illusion de profondeur permise par la perspective ouvre la voie à des représentations novatrices. La Cité idéale, peinture sur bois d'auteur inconnu conservée à Urbino, offre un modèle d'architecture utopique, qui fait écho aux questionnements humanistes de l'époque.

2 La beauté de l'imitation

L'imitation de la réalité à travers la peinture a ses charmes inexplicables. Dans l'un de ses Salons, Diderot raconte comment il a été subjugué par une nature morte, Le Bocal d'olives de Chardin : « C'est la nature même ; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. […] On n'entend rien à cette magie. »

L'artiste rivalise avec la création divine de la nature : l'imitation picturale, par l'intervention du peintre, devient plus admirable que la réalité elle-même. En utilisant l'ekphrasis pour décrire les œuvres de Vernet, Diderot souligne la « magique harmonie » qui lie entre eux tous les personnages et objets représentés sur ses toiles.

Mot clé

Le procédé de l'ekphrasis consiste à décrire une œuvre d'art grâce à l'écriture, afin de permettre au lecteur de se la représenter fidèlement dans son esprit.

II La mimèsis comme représentation littéraire du réel

1 L'imitation au cœur du théâtre

Dès l'Antiquité, Aristote affirme dans sa Poétique l'importance de la mimèsis. Le théâtre classique s'en inspire : la tragédie est censée représenter fidèlement les passions humaines afin d'aboutir à la catharsis, la libération des spectateurs de leurs propres passions.

Mot clé

La mimèsis désigne l'ensemble des moyens poétiques utilisés afin de parvenir à l'imitation de la réalité à travers la littérature.

Au XVIIIe siècle, dans son Paradoxe sur le comédien, Diderot s'interroge sur la capacité de l'acteur ou actrice dramatique à se saisir de la réalité pour émouvoir le public : le comédien parfait puise son talent dans une « imitation profonde de la nature ».

2 La poésie, reflet du réel

« Il en est de la poésie, ainsi que de la peinture », affirme Diderot, citant le poète antique Horace (« ut pictura poesis ») : elle dispose donc aussi d'une capacité de représentation à travers les mots.

L'écriture poétique devient un espace ouvert sur la réalité du monde. Agrippa d'Aubigné, dans ses Tragiques (1616), l'utilise afin ­d'attester d'une vérité historique, celle de l'horreur des persécutions des protestants pendant les guerres de Religion.

Elle peut aussi recréer, dans l'imagination du lecteur, des espaces méconnus, fascinants et lointains. En 1633, Saint-Amant mobilise des métaphores spectaculaires pour décrire la beauté et la grandeur des montagnes enneigées dans le sonnet « L'Hiver des Alpes ».

L'essentiel

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