Le théâtre classique est représenté par deux auteurs emblématiques, l'un dans la comédie avec Molière, l'autre dans la tragédie avec Racine.
A Le théâtre comique
Le théâtre comique reprend la tradition de l'observation des mœurs et des comportements collectifs et individuels. La comédie compte en général cinq actes, mais pas nécessairement (les Précieuses Ridicules de Molière n'ont qu'un acte), en vers ou en prose. Elle remplit un double objectif : faire rire en rendant le spectateur meilleur par l'observation et la critique des comportements décrits.
Exemples
Les ridicules de la société (Les Précieuses ridicules), les modes, une certaine bourgeoisie (Le Bourgeois gentilhomme), une société mondaine (Le Misanthrope) ou encore les mésalliances (Georges Dandin) sont ainsi mises en scène par Molière pour dénoncer ces comportements.
Au XVIIIe siècle deux auteurs illustrent la comédie : Marivaux et Beaumarchais. Marivaux, au début du XVIIIe siècle, renouvelle le genre de la comédie en introduisant de nouveaux thèmes : la relation maître et valet, existant depuis la naissance de la comédie, évolue avec notamment l'échange des rôles : le maître prend l'habit et la fonction du valet, le valet ou la servante ceux du maître. Par ailleurs, si Marivaux reprend les grands principes du théâtre comique, il en abandonne certains aspects : ainsi le comique de gestes tend à disparaître au profit du comique de mots, de leur élégance et de leur pertinence ou de leur impertinence car le XVIIIe siècle est le siècle du bon mot, très prisé à la cour.
À la fin du siècle, l'autre figure du théâtre est Beaumarchais. La nature de ce XVIIIe siècle est très différente, il s'agit du siècle des Lumières. L'essentiel de la production intellectuelle de l'époque repose sur les écrits des philosophes qui se posent la question de la place de l'homme au sein de la société, le rôle qu'il pourrait y tenir et la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Les autres genres en subissent l'influence et les pièces de Beaumarchais ne font pas exception. Elles développent un argumentaire politique jusque-là inédit au théâtre.
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Le monologue de Figaro, Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, 1784
B La tragédie
La tragédie au XVIIe siècle est essentiellement représentée en France par Jean Racine. Il connaît sa plus grande notoriété dans la deuxième moitié du règne de Louis XIV. Cette période est plus austère à la cour. Le roi est vieillissant, l'état du royaume se dégrade et, surtout, les enfants et petits-enfants du roi disparaissent. L'écriture des tragédies semble donc résonner comme un écho à ces évènements qui se succèdent.
La tragédie au XVIIe siècle, qui comporte cinq actes, reprend les idées majeures de l'Antiquité :
les personnages sont toujours de haute lignée, descendants de parents illustres ou ayant un lien familial plus ou moins proche avec les dieux. De ce fait, ils sont toujours princes, rois, reines… et le cadre de l'action se déroule toujours dans des palais ;
la description des passions et de leurs ravages est toujours au premier plan ;
la malédiction des dieux sur le personnage principal plane systématiquement (sauf dans quelques pièces comme Bérénice de Jean Racine, où la raison d'État prend le pas sur les sentiments personnels). Cette malédiction est toujours indépendante de la volonté du ou des personnages ;
le destin tragique est omniprésent : la mort est l'issue inéluctable de ce conflit interne animant le héros de la tragédie ; quels que soient ses choix, il ne pourra pas y échapper.
À retenir
Ainsi, les XVIIe et XVIIIe siècles mettent en place les codes de la tragédie et de la comédie. Ces bases désormais bien établies permettront au théâtre d'évoluer dans sa représentation et dans ses messages jusqu'à aujourd'hui, en se renouvelant.
C Les grandes règles du théâtre classique
Le théâtre classique (et notamment tragique) repose sur quelques règles fondamentales datant de la tragédie grecque : la règle des trois unités, de la vraisemblance et de la bienséance.
aLa règle des trois unités
L'unité de lieu : toute l'action doit se passer au même endroit. Au XIXe siècle, cette règle est battue en brèche. Pourtant, déjà Molière dans sa pièce Don Juan ne la respectait pas.
L'unité de temps : toute l'histoire doit se passer sur un laps de temps limité (24 heures en général), système qui sera de nouveau remis en question à partir du XIXe siècle.
L'unité d'action : il s'agit de respecter une forme d'unité dans l'histoire jouée devant le spectateur. Cela évite la dispersion de l'attention du spectateur et tient compte des contraintes de la représentation théâtrale : comment faire intervenir trop de personnages dans une histoire, comment mener à bien plusieurs histoires, comment gérer l'articulation des décors si les scènes se multiplient (à l'époque où toutes les manipulations se font à la main) ?
bLa règle de la vraisemblance
Ce principe signifie que toutes les informations restent cohérentes entre elles et que le spectateur peut adhérer à l'histoire qui se déroule devant lui. Ainsi, des personnages mythologiques peuvent être introduits ou encore des croyances depuis longtemps dépassées… Et cela sans choquer le spectateur. En revanche, il ne faut pas que deux informations soient contradictoires entre elles, sinon l'histoire perd toute crédibilité.
cLa règle de la bienséance
Ce principe est repris des usages définis par Aristote dans la tragédie ; il vaut mieux que certaines scènes ne soient pas montrées au spectateur. La narration faite par un des participants ou des spectateurs de la scène est plus efficace vis-à-vis du spectateur qui ressent davantage les émotions. C'est le principe de la catharsis ; au XVIIe siècle, ce principe est repris mais s'y ajoute l'idée que le spectateur ne doit pas être choqué par le spectacle qui lui est proposé : aucune scène choquante ne doit donc être représentée.