Si voter apparaît comme un acte purement individuel, l’étude des déterminants du vote par la sociologie électorale montre que les comportements électoraux répondent à des logiques complexes : le vote peut également être considéré comme un acte collectif.
I Le vote, un acte collectif
1 La sociologie électorale
À l’origine de la sociologie électorale, on trouve les travaux d’André Siegfried en France au début du xxe siècle. Son approche est qualifiée d’« écologique » car elle établit des relations entre l’environnement de l’électeur et son vote. Une autre approche « historique » insiste sur le rôle des événements historiques (la Révolution française par exemple).
À partir des années 1940, la sociologie électorale se développe aux États-Unis, notamment en introduisant la méthode d’enquêtes par interviews. Au début des années 1960, des sociologues américains proposent un modèle en établissant des corrélations entre comportement électoral et caractéristiques sociologiques des électeurs.
2 Les variables du comportement électoral
Depuis les années 1960, les études sur le comportement électoral se sont multipliées. On peut l’expliquer par la demande sociale émanant des acteurs politiques (élus, partis politiques) et des médias, avec la multiplication des sondages en période électorale. Ces études ont permis de mettre en évidence des variables lourdes du comportement électoral.
Les variables lourdes du comportement électoral correspondent à des variables démographiques (âge, sexe), socio-économiques (catégorie socioprofessionnelle) et culturelles (instruction, appartenance religieuse). Ces dernières apparaissent comme les plus prédictives.
mot clé
Le comportement électoral désigne le choix d’un électeur lors d’une élection (voter ou non, voter pour tel ou tel parti).
II Le vote, un acte individuel
1 L’approche économique du comportement électoral
La sociologie électorale distingue trois approches théoriques du comportement électoral. Les deux premières (écologique, psychosociologique) font du vote un acte collectif. Une troisième, l’approche économique, insiste sur le caractère individualiste du vote.
Dans le modèle économique, l’électeur se conduit comme un homo œconomicus : il veut maximiser l’utilité de son vote et raisonne en fonction du coût et des bénéfices associés à celui-ci. Cette théorie postule que les électeurs agissent, avant tout, en fonction de leurs intérêts individuels et non en fonction de leur sentiment d’appartenance à un groupe ou leur attachement à un parti.
2 Les facteurs conjoncturels du vote
Des facteurs conjoncturels peuvent influencer le choix des électeurs à court terme. C’est le cas du « vote sur enjeu ». Ce dernier recouvre des choix électoraux qui dépendent principalement de problèmes qui jouent un rôle important dans le débat politique à un moment donné.
L’électeur peut adopter un comportement de stratège, notamment dans le cadre du scrutin majoritaire à deux tours comme l’élection présidentielle. On peut définir l’électeur stratège comme un électeur qui renonce à voter pour son candidat préféré et en choisit un autre de manière à accroître l’efficacité de son vote. Cette stratégie consiste à voter « utile » pour le candidat qui a le plus de chance de l’emporter au second tour.
mot clé
L’élection présidentielle en France est un scrutin majoritaire à deux tours : seuls les deux candidats arrivés en tête au premier tour peuvent se présenter au second tour.
Zoom
Sociologie des votes Macron et Le Pen en 2022
Source : Vincent Grimaud, Alternatives économiques, institut.fsu.fr.
Ce tableau, établi à partir des résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, détaille le vote pour deux candidats selon plusieurs variables socio-économiques. Il montre, par exemple, que 18,7 % des 25 à 34 ans ayant exprimé un vote l’ont fait en faveur d’Emmanuel Macron.
Ce document permet de définir le profil de l’électeur-type d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen lors de cette élection : pour le premier, il s’agit d’un électeur plutôt âgé et cadre ; pour la seconde, l’électeur est plus jeune et ouvrier.