En bref L'industrie ne crée plus que 13,1 % de la valeur ajoutée nationale en 2021, contre 19 % en 2000 et 25 % en 1974. Elle ne représente plus que 11,6 % de l'emploi salarié en 2020.
ILes nouveaux facteurs de localisation industrielle
1 Désindustrialisation et mondialisation
L'industrie française n'est pas assez compétitive dans la mondialisation en raison de l'insuffisance de la recherche-développement et de coûts trop élevés pour des produits de gamme trop moyenne. Cette inadaptation relative entraîne une diminution de la part de l'industrie dans la création de valeur : c'est la désindustrialisation.
Celle-ci doit être cependant nuancée : de nombreux emplois industriels ont été déplacés vers les services : ce sont des emplois périproductifs, au service d'entreprises industrielles toujours plus robotisées. La crise du COVID-19 a également fait prendre conscience de la perte de souveraineté qu'entraîne cette désindustrialisation.
Mot clé
Les emplois périproductifs assurent des services consommés par les entreprises industrielles, par exemple des services de transport, publicité, nettoyage, sécurité.
2 Les nouvelles formes spatiales de l'industrie
Dans une économie post-fordiste où les facteurs de localisation sont la qualité de la main-d'œuvre, les capacités d'innovation technologique et des réseaux de communication performants, les métropoles sont les grandes gagnantes.
L'industrie contemporaine privilégie des formes spatiales particulières : les clusters (regroupement d'entreprises du même secteur), les technopôles, qui mêlent fonctions de recherche et de production, ou les systèmes productifs locaux, aux activités complémentaires. En 2004, l'État a créé les pôles de compétitivité (54 en 2022) autour de thématiques ciblées.
IILes mutations régionales des espaces industriels
1 Des espaces industriels qui résistent
Les politiques de déconcentration industrielle des années 1960-1980 ont gommé la ligne Le Havre-Marseille : la France de l'Ouest, autrefois agricole et rurale, a bénéficié de nombreuses implantations industrielles (Basse-Seine, Centre, Bretagne), surtout dans les métropoles.
Les espaces littoraux ont bénéficié de la maritimisation de l'économie (ports de Marseille, Le Havre et Dunkerque) : les activités ont fleuri dans les zones industrialo-portuaires (ZIP), mieux placées que les localisations plus continentales. La sidérurgie lorraine a ainsi glissé vers Dunkerque.
2 Le déclin des anciennes régions industrialisées
La mondialisation a entraîné le déclin des anciennes régions industrielles du Nord et de l'Est, fondées sur l'exploitation de matières premières aujourd'hui abandonnées.
Info
Ces régions, développées au XIXe siècle sur les gisements de fer et de charbon, sont typiques de la première révolution industrielle.
Toutefois, délocalisations et fermetures ont été partiellement compensées par de nouvelles activités liées aux IDE (investissements directs à l'étranger), attirées par la proximité de la mégalopole européenne (Toyota à Valenciennes).
Zoom
France des hautes technologies, France des basses technologies
Ces cartes montrent la surreprésentation des emplois manufacturiers selon le niveau de technologie par rapport à la moyenne nationale, en 2015.
La France industrielle des hautes technologies fait la part belle aux grandes régions métropolitaines (régions parisienne, lyonnaise, toulousaine, bordelaise) et aux pôles de compétitivité.
Cette métropolisation de la high-tech en « peau de léopard » s'oppose aux vastes espaces des industries de basses technologies (low-tech), qui couvrent une grande partie du territoire : régions anciennement industrialisées du Nord et de l'Est, semis des petites et moyennes villes industrielles.