En bref Les villes ont toujours compté de beaux quartiers et d'autres plus populaires. Mais les phénomènes de métropolisation impulsés par la mondialisation ont renforcé les inégalités sociospatiales.
IMondialisation et inégalités sociospatiales
1 Le développement des inégalités sociospatiales
Les centres-villes et les beaux quartiers historiques connaissent un puissant processus de gentrification. Les couches populaires et les jeunes ménages, chassés par les prix immobiliers, s'installent dans les banlieues et la couronne périurbaine. Ils échangent un logement individuel plus grand contre des trajets quotidiens.
Mot clé
La gentrification signifie l'embourgeoisement, le remplacement des catégories populaires par des catégories aux revenus plus élevés.
Les banlieues d'habitat individuel et au cadre agréable se distinguent de banlieues plus populaires, souvent constituées de grands ensembles d'habitats collectifs et classées « zone urbaine sensible ».
2 Des processus de ségrégation spatiale
Ces inégalités entre les quartiers se renforcent, établissant une véritable ségrégation sociospatiale. Dans un même lieu se regroupent des populations uniformes, le prix au mètre carré excluant de fait certains groupes.
Mot clé
La ségrégation sociospatiale est un processus de mise à l'écart de groupes sociaux.
Les couches les plus aisées de la population mettent en place des stratégies d'évitement (choix du quartier, des écoles, voire résidences fermées) des couches jugées infréquentables. Certaines communes, malgré des amendes toujours plus lourdes, refusent de construire le pourcentage légal de logements sociaux.
IICorriger les inégalités sociospatiales
1 Les politiques de la ville
Les politiques de la ville naissent en France après 1975, quand les premiers problèmes apparaissent dans les cités populaires, que les classes moyennes ont fui pour les couronnes périurbaines, et qui accueillent de plus en plus de couches défavorisées, souvent d'origine immigrée.
Un premier axe privilégie les opérations de réhabilitation de l'habitat. Un deuxième axe est de favoriser la mixité sociale.
La loi SRU, votée en 2000 et durcie en 2013, impose aux communes importantes de disposer d'au moins 25 % de logements sociaux.
Remarque
La loi SRU (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain) prévoit des amendes pour les communes récalcitrantes.
2 Des résultats très mitigés
Les résultats très mitigés des politiques de la ville ont conduit à l'adoption en 2007 de la loi DALO (droit au logement opposable), qui permet aux mal-logés de saisir la justice pour faire respecter leur droit. Mais son bilan est relativement décevant : en 2018, 63 000 ménages restent privés d'un logement décent.
L'offre de logements reste de fait insuffisante. Les inégalités sociospatiales perdurent donc et elles continuent de s'accroître à Paris. Les lois de mixité ne parviennent pas à freiner les effets de l'ultra-métropolisation parisienne, liée aux processus de mondialisation.
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Les inégalités sanitaires à Paris et dans la petite couronne
À Paris et dans la petite couronne (départements 92-93-94), l'épidémie de COVID-19 a causé une surmortalité moyenne de 32 % par rapport à la mortalité en année normale. Or, cette surmortalité touche inégalement les populations de Paris et sa petite couronne (carte de gauche).
Ces inégalités sanitaires rejoignent les inégalités de revenus (carte de droite). Les communes ouest et sud, plus riches, semblent moins frappées que celles du nord (93) et de l'est, aux revenus moindres.