En Inde, la domination de l'hindouisme, qui représente 79,8 % de la population, est très nette. Mais le pays n'en comporte pas moins une grande diversité religieuse. Égales aux yeux de la loi, les religions sont pourtant à l'origine de tensions qui mettent à mal l'Union indienne.
I Diversité et statut légal des minorités religieuses
1 La minorité musulmane
Les musulmans constituent la première minorité religieuse (14,2 %). Leur poids relatif, en raison d'une démographie dynamique, tend à augmenter.
Avec plus de 180 millions de personnes, la communauté musulmane d'Inde est la deuxième du monde après celle d'Indonésie. Si la majorité des musulmans est sunnite, il existe aussi d'importants groupes chiites et soufis.
2 Les autres minorités
Les autres minorités constituent à peine 6 % de la population. Les chrétiens de diverses confessions en représentent 2,3 %, les sikhs 1,7 %, les bouddhistes 0,7 % et les jaïns 0,4 %. Les zoroastriens (Parsis) ont presque totalement disparu.
Souvent mieux intégrées économiquement, les minorités non musulmanes stagnent ou déclinent démographiquement en raison d'une natalité plus basse.
3 Une égalité garantie par la loi
Mot clé
Le prosélytisme désigne l'ensemble des actions qui visent à convertir autrui à sa religion.
La Constitution de 1950 interdit les discriminations fondées sur l'appartenance religieuse. Elle autorise le prosélytisme religieux des non-hindous, et les minorités peuvent ouvrir des écoles confessionnelles ou recevoir des subventions publiques.
Désireux de ne pas encourager le sécessionnisme, notamment musulman ou sikh, Jawaharlal Nehru, Premier ministre de 1947 à 1964, renonce à imposer un code civil uniforme. Des musulmans accèdent à des postes importants, ainsi Zakir Husain président de l'Union indienne.
II Vers une restriction de la liberté religieuse ?
1 Des restrictions légales
La Constitution invite les États de la fédération à protéger les bovins, la vache étant un animal sacré pour les hindous. Le gouvernement indien cherche également à restreindre l'activité des missionnaires chrétiens.
Depuis les années 1980, on assiste à un durcissement progressif de la loi à l'égard des minorités. Les nationalistes hindous plaident pour la mise en place de lois anti-conversion : à ce jour, huit États (sur 29) ont voté de telles législations.
L'arsenal répressif concernant l'abattage des bovins n'a cessé de se renforcer. En 2017, l'État du Gujarat a adopté une loi prévoyant la prison à perpétuité pour toute personne abattant illégalement une vache.
2 Des violences intercommunautaires en forte hausse
La violence intercommunautaire constitue une donnée fondamentale de l'histoire indienne, mais elle s'accélère à partir des années 1980.
Au Pendjab, les années 1980-1990 sont marquées par la violence terroriste de l'indépendantisme sikh et la répression militaire qui culmine en juin 1984 lors de l'attaque du temple d'Or d'Amritsar, édifice le plus sacré des sikhs.
Les attaques antichrétiennes, devenues régulières, peuvent aboutir à de véritables massacres comme en 2008 dans l'État d'Odisha, faisant une centaine de victimes.
Mais, perçus comme une menace pour l'hindouité et accusés d'être des traîtres au service du Pakistan, ce sont les musulmans qui constituent la première cible du nationalisme hindou.