Les mots clés de la littérature du xixe siècle
► Lyrisme. À l'origine, la poésie lyrique est une poésie chantée avec accompagnement de la lyre. Puis est appelée « lyrique » toute poésie qui vise l'expression des sentiments (joies ou déceptions amoureuses, nostalgie du souvenir, beauté apaisante de la nature, douleur d'avoir perdu un être cher…).
► Mal du siècle. Toute une génération, déçue dans ses rêves de grandeur après la chute de l'Empire, se reconnaît dans le René de Chateaubriand. Le mal de René deviendra le mal du siècle. L'âme, avide d'infini, assoiffée d'absolu, souffre des limites que lui impose la destinée terrestre. Le cœur est empli de passions violentes que rien sur cette terre ne saurait combler. C'est le « vague des passions », tel que le décrit Chateaubriand.
► Mémoires. Au pluriel et avec une majuscule, récit d'événements historiques dont l'auteur a été le témoin ou auxquels il a participé, avec la relation d'épisodes de la vie de l'auteur lui-même, ceux-ci et ceux-là s'éclairant mutuellement. Le chef-d'œuvre du genre est les Mémoires d'outre-tombe (1809-1841), de Chateaubriand.
► Romantisme. Mouvement littéraire et artistique qui s'est étendu à toute l'Europe à partir de la fin du xviiie siècle. Il atteint son apogée en France dans les années 1810-1835 et se caractérise par l'apparition d'une sensibilité nouvelle, favorisée dès 1815 par la déception qui touche toute une génération après la chute de l'Empire.
Les consciences désenchantées se complaisent dans la tristesse, le rêve ou la solitude et épanchent leur mélancolie, ou, animées par l'énergie de la révolte ou de l'ambition, s'engagent dans l'action.
Cet état de sensibilité s'accompagne d'un profond renouvellement des formes littéraires : au théâtre, suppression des règles classiques, libération du langage, mélange des genres ; en poésie, explosion du lyrisme ; quant au roman, il devient un instrument d'exploration du monde extérieur.
Le romantisme s'épuise au milieu du siècle : le triomphe de l'esprit bourgeois (sens des réalités concrètes, importance donnée à l'argent) apporte aux débordements lyriques de sévères limites.
► Parnasse. Au milieu du siècle, se constitue autour de Leconte de Lisle un groupe de poètes dits « parnassiens », unis par le besoin de réagir contre les excès des épanchements romantiques. Ils prônent une poésie descriptive, aux harmonies pures, dont la seule raison d'être est la beauté (théorie de l'art pour l'art).
► Symbolisme. À la fin du siècle, en réaction aux descriptions parnassiennes qui dévoilent trop clairement le monde, se dessine à la suite de Baudelaire et autour de Verlaine, Rimbaud et Mallarmé, un idéal poétique célébrant le rêve, le mystère et le sens caché des choses. Il ne s'agit plus pour le poète de décrire le réel car nommer un objet, c'est l'appauvrir, mais de le suggérer au moyen du symbole qui révèle les correspondances secrètes entre le visible et l'invisible. Ainsi, un paysage peut refléter un état d'âme (l'automne évoque la tristesse…). Le poète symboliste cultive la musicalité pour mieux parler à l'âme et atteindre la sensibilité du lecteur.
► Réalisme. À partir du Second Empire (1852), des écrivains (notamment Flaubert et Maupassant), en réaction au romantisme, fondent leur esthétique sur une observation et une représentation minutieuses de la réalité. Le réalisme se caractérise par la volonté de raconter des histoires de la vie réelle, une approche juste et précise des personnages et du milieu social, et une écriture se voulant impersonnelle et objective.
► Naturalisme. Mouvement littéraire de la fin du xixe siècle dominé par la personnalité d'Émile Zola, qui se propose d'appliquer au roman la méthode de l'expérimentation scientifique. Convaincu que les comportements humains sont conditionnés par l'hérédité, le milieu social et la physiologie, le romancier naturaliste dévoile toute la réalité, même la plus sordide.