Fiche de révision

Les romans de l'énergie : création et destruction

Comment vivre, comment faire usage de notre énergie vitale ? C’est l’un des thèmes fondamentaux de La Peau de chagrin.

IQu’est-ce que l’énergie pour Balzac ?

1 Une force vitale en réserve

Dans le système balzacien, chaque homme est doté d’un capital d’énergie propre, de force vitale innée (intellectuelle, physique et morale) qui se consomme ou se préserve, selon ses choix de vie.

Figure de sagesse et de longévité (cent deux ans !), l’antiquaire livre le constat suivant : la nature humaine est réglée par deux forces, « Vouloir et Pouvoir », qui consument l’énergie vitale : « Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit. »

À noter

Balzac est influencé par la théorie vitaliste de la médecine de l’époque qui estime que l’humain doit dépenser son énergie avec modération pour préserver son intégrité physique.

2 Une force aux usages variés selon les individus

Certains usent de cette force vitale en avares (Fœdora), d’autres en prodigues (Raphaël, les courtisanes du roman). Terrifié par la perspective d’une vie abrégée, Raphaël prend finalement le parti d’économiser sa force vitale en menant une vie végétative permettant de stopper le resserrement de la peau.

À l’instar de l’antiquaire qui choisit de vivre dans la sérénité, en se concentrant sur le Savoir, les hommes forts tirent parti d’une énergie canalisée et la placent au service d’une volonté supérieure.

IIEn quoi l’énergie est-elle une force ambivalente ?

1 L’énergie : une force créatrice…

Dans sa jeunesse, Raphaël met son énergie au service de ses études. Avide de gloire, brûlant d’amour, il a « la prétention d’escalader le ciel sans échelle » et se sent « né pour aimer ». Il rédige à corps perdu une Théorie de la Volonté.

Plus tard, il acquiert la peau de chagrin, qui peut d’abord apparaître comme une concrétisation de ce désir sans limite, de cette vitalité qui est une formidable force de création.

Pour aller + loin

Dans les Mémoires de deux jeunes mariées (1841) de Balzac, deux femmes fondent leur existence selon des principes opposés : Louise consacre son énergie à la passion amoureuse, tandis que Renée met la sienne au service de sa famille.

2 … et destructrice

Raphaël est porté à l’excès dans tous les domaines, mais ses élans de jeunesse sont vite balayés par un père despotique, une société fermée et arc-boutée sur l’argent, et le cœur glacé de Fœdora. « Impuissante », son énergie « se dévor[e] elle-même ».

Pour aller + loin

Dans La Recherche de l’absolu (1834), Balthazar Claës, héros balzacien, est dominé par une obsession destructrice (trouver « l’absolu ») pour laquelle il sacrifie tout, jusqu’à sa famille.

Si la peau semble à même de le délivrer d’une existence frustrante, Raphaël n’a pas su user de son pouvoir : il ne parvient ni à créer, ni à agir, ni véritablement à aimer. Le bonheur amoureux partagé avec Pauline finit par le consumer.

La dépense de l’énergie vitale le conduit progressivement à la mort ; la peau révèle combien la mort hante une vie usée par les désirs et les émotions fortes.

IIIEn quoi l’œuvre propose-t-elle une réflexion sur l’existence ?

1 Du bon usage de l’énergie

Balzac expose un dilemme : pour bien vivre, doit-on mener une vie courte, mais intense, ou une vie longue et paisible, mais proche de l’ennui ? Raphaël expérimente ces deux extrêmes sans succès : vivre sans dépenser son énergie semble illusoire.

2 Une réflexion complexe

Balzac met en tension diverses manières d’être. L’antiquaire est porteur d’une voie modérée : loin de gâcher sa force vitale par le « Vouloir » et le « Pouvoir », il mise sur le Savoir, gage de longévité. Cependant, s’il a longtemps privilégié une existence fondée sur la sagesse, il revient sur son choix de vie initial : « J’avais pris l’existence au rebours. Il y a toute une vie dans une heure d’amour. » L’auteur ne délivre aucune leçon définitive et renvoie le lecteur à ses propres réflexions.

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