Fiche de révision

Mémoires et histoire de la guerre d'Algérie

La guerre d’Algérie (1954-1962) a causé un profond traumatisme des deux côtés de la Méditerranée. Elle a donné lieu à l’émergence de multiples mémoires.

I Des constructions mémorielles différentes en France et en Algérie

1  Des mémoires inversées (1962-1970)

Après les accords d’Évian (19 mars 1962), la volonté d’oublier la guerre domine en France. Le pouvoir gaulliste organise un « oubli officiel » par des lois d’amnistie. On se contente d’évoquer les « événements ».

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Une loi d’amnistie arrête les poursuites et annule les condamnations relatives à un crime ou un délit commis pendant une période donnée.

En Algérie, le Front de libération nationale (FLN) impose une mémoire officielle de cette guerre de décolonisation. Il glorifie « un million de martyrs ».

2  La fin de l’amnésie (1970-1990)

En France, la jeunesse, portée par les événements de 1968, remet en question le passé colonial du pays. Des historiens, comme Pierre Vidal-Naquet, évoquent la torture (1972) et des films dénoncent la guerre d’Algérie.

Dans les années 1980, des descendants de harkis revendiquent la reconnaissance des souffrances de leurs parents. Des anciens combattants militent pour faire entrer le conflit dans les programmes scolaires.

En Algérie, de 1992 à 2002, la guerre civile entre les islamistes et le FLN ravive la mémoire de la guerre d’Algérie. Le mythe d’un peuple uni vole en éclats.

3  Le choc des mémoires (depuis les années 1990)

En France, une partie des archives est ouverte en 1992. En 1997, le procès de Maurice Papon, préfet impliqué dans la répression de manifestations organisées par le FLN et le PCF à Paris en 1961 et 1962, réveille le besoin de vérité historique.

L’expression « guerre d’Algérie » est officialisée par une loi de 1999 et les souffrances des rapatriés, les pieds-noirs, sont reconnues par une loi de 2005. Ces lois ravivent une « guerre des mémoires » entre la France et l’Algérie.

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Les harkis sont des Algériens ayant combattu comme supplétifs au sein de l’armée française, tandis que les pieds-noirs sont les Français qui vivaient en Algérie.

En 2016, François Hollande reconnaît la responsabilité de l’État français dans les souffrances des harkis et, en 2019, un dispositif de réparation est créé.

II Un cloisonnement des mémoires à dépasser

1  Les groupes mémoriels en France et en Algérie

En France, plusieurs groupes réclament la reconnaissance de leurs souffrances :

– les pieds-noirs entretiennent la mémoire d’un paradis perdu, ou « nostalgérie » ;

– les harkis, rejetés en Algérie puis regroupés en France dans des camps de transit entre 1962 et 1968, souhaitent aujourd’hui le vote d’une loi mémorielle ;

– les appelés du contingent, qui ont effectué leur service militaire pendant la guerre d’Algérie, se sont regroupés dans des associations comme la FNACA.

En Algérie, les anciens combattants du FLN et les nationalistes véhiculent la mémoire d’une guerre de libération, source d’unité nationale.

2  Le travail des historiens pour décloisonner les mémoires

En France, il faut attendre 1988 pour que soit organisé un premier colloque sur la guerre d’Algérie. En Algérie, les historiens sont contrôlés par le pouvoir. Certains (Mohammed Harbi) se réfugient en France pour effectuer leurs recherches.

Les thèses se multiplient grâce à l’ouverture des archives en 1992 : Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault étudient la torture et une trentaine de chercheurs français et algériens travaillent ensemble sous la direction de Benjamin Stora et Mohammed Harbi pour rédiger La Guerre d’Algérie, la fin de l’amnésie (2004).

En 2021, à la demande du président Macron, Benjamin Stora rend un rapport sur les mémoires de la guerre d’Algérie et présente des propositions concrètes pour les réconcilier.

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