Les systèmes productifs français connaissent des recompositions considérables sous l'effet de la mondialisation et de l'intégration européenne, mais aussi des évolutions politiques, techniques ou sociales.
I Les mutations des systèmes productifs agricoles
La révolution agricole date en France des années 1950 et met en place une agriculture productiviste, à hauts rendements et forte productivité. Mécanisation, motorisation, chimisation et hybridation conduisent à l'apparition d'agrosystèmes. La construction européenne, à travers la politique agricole commune (1962), a accompagné cette mutation qui a conduit à l'indépendance alimentaire et au-delà.
L'agriculture française est devenue une agriculture de marché. Les structures agraires se sont concentrées et les terroirs se sont spécialisés. L'intégration entre agriculture, industrie (mécaniques ou agroalimentaires) et services (banque, commercialisation) débouche sur un système agro-industriel.
La France n'est toutefois plus que le 5e exportateur agricole mondial. Une partie du système productif évolue vers une agriculture de qualité, en filières courtes, moins insérée dans le marché mondial ce qui conduit à une hausse radicale des importations agricoles de moyenne gamme : hors vins et spiritueux, la France est déficitaire avec le monde entier.
II Désindustrialisation et recomposition industrielle
La désindustrialisation se mesure au recul du nombre d'emplois (11 %), à la part dans le PIB national (12 %), aux pertes de part de marché à l'exportation (3,5 %). Cependant, certains secteurs demeurent compétitifs : aéronautique, armement, luxe, agroalimentaire. Mais nombre sont en déclin, parfois en voie d'extinction.
Ce déclin industriel se marque par la crise des anciennes régions du Nord et de l'Est. La reconversion de ces friches industrielles est difficile. La situation géographique de ces régions n'est cependant pas dépourvue d'atouts : développement métropolitain à Lille, IDE Toyota près de Valenciennes.
Parallèlement à ces zones en crise, les industries high tech se déploient en Île-de-France et dans les grandes métropoles, qui offrent un écosystème propice à l'innovation (main-d'œuvre, aménités, réseaux). Ces régions sont aussi les plus performantes pour la localisation des services, avec lesquels les activités industrielles sont intégrées de façon croissante.
III Des systèmes productifs largement « tertiarisés »
L'économie française compte 75 % de sa population active dans les services, qui constituent un secteur très intégré avec les deux autres secteurs. Les services présentent une très forte hétérogénéité : services marchands (payés à l'acte) et non marchands, publics ou privés, banals ou rares (tertiaire supérieur).
La répartition géographique des services est très différenciée. Les services banals se calquent sur la répartition de la population (commerce, transports), ils survivent plus difficilement dans les zones peu denses. Les services aux entreprises à forte valeur ajoutée, tels les quartiers d'affaires, se localisent en centre-ville ou en périphérie connectée (La Défense).
mot clé
L'économie résidentielle dépend de la population installée sur le territoire (ex. : coiffeur ou plombier). L'économie présentielle dépend de la population présente, donc inclut les touristes.
La France est le 4e exportateur mondial de services (314 milliards de $ en 2022), avec un solde commercial positif (+ 53 milliards de $). Certains services sont délocalisables. D'autres dépendent de l'économie résidentielle ou présentielle ou bénéficient de facteurs territorialisés (tourisme) ou du besoin d'un face-à-face physique.
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Les recompositions spatiales des systèmes productifs français