Supposés répondre à certaines limites de la démocratie représentative, les sondages se développent à partir des années 1960 en s'appuyant sur l'apport des techniques statistiques. Mais l'outil est fortement critiqué par certains sociologues.
I Pourquoi sonder les opinions ?
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Inventés par le statisticien George Gallup (1908-1934), les sondages cherchent à connaître les caractéristiques ou les opinions d'une population en s'appuyant sur des enquêtes par questionnaire.
George Gallup s'appuie sur une critique de la démocratie représentative et de ses intermédiaires, éloignés de la population et influencés par les lobbies et les groupes d'intérêt, pour justifier l'instauration des sondages, censés refléter « l'opinion publique réelle ».
Les sondages apparaissent comme relevant d'une forme de démocratie directe, permettant de connaître les points de vue et les aspirations des sondés de façon plus régulière et précise que lors des échéances électorales.
Informés par les médias, les citoyens peuvent trancher les débats en connaissance de cause et apporter de façon directe leur consentement aux gouvernants, qui mettront alors en œuvre une politique conforme à leurs souhaits.
II Principes et techniques des sondages d'opinion
Les sondages consistent à poser à des individus sélectionnés des questions généralement fermées (appelant des réponses de type oui ou non), aisées à traiter statistiquement. Celles-ci portent sur des avis, des représentations ou des pratiques ; elles sont complétées par des questions sur les caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, CSP…) des personnes interrogées.
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La caractéristique essentielle d'un échantillon est d'être représentatif de la population-mère, c'est-à-dire d'avoir les mêmes caractéristiques sociodémographiques.
Deux méthodes permettent de construire l'échantillon interrogé. La méthode aléatoire se fonde sur le tirage au sort. Plus grand est le nombre d'individus interrogés, plus la probabilité que l'échantillon reflète la population-mère est forte. La méthode des quotas repose sur le respect des critères sociodémographiques de la population-mère, l'échantillon devant avoir la même structure que celle-ci (même pourcentage de femmes, de jeunes, d'ouvriers…).
La difficulté posée par l'échantillonnage tient à la complexité de la structure sociale qui, pour être fidèlement représentée, suppose un échantillon suffisamment vaste. Par exemple, tenir compte de la diversité du monde des agriculteurs est difficile quand ceux-ci ne représentent que 0,8 % de la population des plus de 15 ans en 2017.
III Les critiques à l'encontre des sondages d'opinion
1 L'opinion publique : une construction
La critique la plus radicale des sondages d'opinion a été initiée par le sociologue français Pierre Bourdieu (1930-2002) dans son article « L'opinion publique n'existe pas » (1973). Il conteste les présupposés des sondages d'opinion dont la fonction est « d'imposer l'illusion qu'il existe une opinion publique ».
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La culture politique désigne un ensemble de connaissances et de compétences permettant de comprendre les décisions et les débats politiques et leurs enjeux.
Il conteste notamment l'injonction à avoir une opinion, l'occultation des non-réponses, les opinions considérées comme équivalentes alors que tous les sondés n'ont pas la même culture politique.
2 Des réponses sous influence
La formulation des questions est une autre critique souvent mise en avant, celle-ci pouvant induire les réponses ou renvoyer à des problèmes qui ne font pas sens pour les sondés (on parle d'« imposition de problématique »).
Les sondages représentent ainsi une addition d'opinions individuelles érigées en opinion publique afin de servir des projets d'action politique.