La France, ruinée par l’Occupation, est à reconstruire. Le gouvernement provisoire annule les lois de Vichy et rétablit celles du Front populaire (économiques, sociales et culturelles), ainsi que les libertés et l’égalité des citoyens devant la loi.
12Vivre en démocratie en France
après 1945
1La IVe République (1946–1958)
- Le GPRF (gouvernement provisoire de la République française), dirigé par De Gaulle, regroupe tous les courants politiques de la Résistance (communistes, socialistes, partis du centre et de droite…). Il tient l’engagement du Conseil national de la résistance (CNR) et accorde le droit de vote aux femmes, qui deviennent électrices et éligibles dès 1944. Il organise en 1945 l’élection d’une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution républicaine.
- La constitution de la IVe République fait triompher en 1946 un régime parlementaire proche de celui de la IIIe République : l’Assemblée nationale investit le gouvernement et peut le renverser. Le président de la République, élu par le Parlement, a surtout un pouvoir de porte-parole de l’État.
- L’État prend le contrôle des secteurs clés pour créer des emplois et stimuler la reconstruction d’après-guerre (nationalisations des grandes entreprises, création d’EDF, de GDF…). La Sécurité sociale est créée (1945) : elle protège les salariés, accorde le droit à la santé (remboursement des frais médicaux, des accidents du travail) et à la retraite : elle repose sur la fraternité, car elle est alimentée par les cotisations des salariés et des employeurs. Le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) en 1950, afin de fixer un salaire minimal décent, toutes professions confondues, en dessous duquel l’employeur ne peut descendre lorsque le salarié travaille à temps plein.
À noter
La IVe République met en application le programme de démocratie sociale du CNR de 1944, notamment grâce à l’aide financière américaine (plan Marshall). C’est l’État-providence, une forme d’État qui adopte des mesures économiques et sociales pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.
- La IVe République fait entrer la France, rebâtie et modernisée, dans la construction européenne dès 1950 : elle est l’un des pays fondateurs de la CEE en 1957. Cependant les divisions politiques débouchent sur beaucoup d’instabilités, car la majorité parlementaire est souvent difficile à atteindre. La guerre d’Indochine (1945–1954) et surtout la guerre d’Algérie (1954–1962) ont raison du régime en 1958.
2La Ve République (depuis 1958)
- De Gaulle, appelé au pouvoir par le Parlement en mai 1958 pour résoudre la guerre d’Algérie, fait voter par référendum la Constitution qui fonde en 1958 la Ve République : le président de la République joue un rôle accru, tandis que le Parlement voit diminuer son autorité. En 1962, De Gaulle institue l’élection du président au suffrage universel direct : le peuple, qui élisait déjà directement les députés, vote dès lors directement pour élire le président, ce qui renforce le lien direct qui l’unit à la nation.
- La fin de la guerre d’Algérie (1954–1962) stabilise le régime et ouvre la voie à la « politique de grandeur » voulue par le général. Mais le gaullisme est critiqué dès 1965, et De Gaulle démissionne en 1969. Georges Pompidou (1969–1974), ancien Premier ministre, est élu et poursuit la politique gaulliste ; il meurt deux ans avant la fin de son mandat. Valéry Giscard d’Estaing (1974–1981), chef de la droite non gaulliste, lui succède et modernise la société. Mais il ne peut empêcher la montée du chômage et la hausse du coût de la vie, tandis que la crise née du choc pétrolier de 1973 s’installe.
- En 1981, François Mitterrand est le premier socialiste à être élu président de la République. Il dissout l’Assemblée nationale pour y obtenir une majorité absolue. C’est l’alternance, le changement d’orientation politique à la tête de l’État et à l’Assemblée. Cependant, la crise oblige les socialistes à pratiquer une politique de rigueur qui se révèle impopulaire et Mitterrand est confronté à une majorité d’opposition à l’Assemblée : il choisit un premier ministre de droite, Jacques Chirac. C’est la cohabitation (présence simultanée à la tête de l’État et à l’Assemblée de tendances politiques opposées).
Zoom
L’évolution de la vie démocratique française depuis 1995
- Le mandat présidentiel est ramené à cinq ans (quinquennat) en 2000. La décentralisation est renforcée : communes, départements et régions acquièrent davantage d’autonomie et de pouvoir, notamment dans le domaine social.
- De nouveaux enjeux s’affirment, comme le développement durable. Mais la persistance du chômage de masse, les lentes réformes des impôts, des systèmes de retraite… entraînent un sentiment croissant de défiance envers l’action politique, qui se traduit par l’affaiblissement des partis traditionnels, la montée des extrêmes et une abstention grandissante lors des élections.